Roman Calendar

jeudi 27 décembre 2007

mardi 25 décembre 2007

La gloire de Niquée

Niquée est une des héroïnes d'Amadis de Gaule ; http://a1692.g.akamai.net/f/1692/2042/7d/correcteurs.blog.lemonde.fr/files/2007/12/180px-amadis-spanish-1533.1198511097.jpg

la fée Zirphée, sa tante, pour la soustraire à l'amour incestueux d'Anastarax, la plaça sur un trône étincelant, dans ses plus beaux habits, et, Anastarax se jetant à genoux sur une des marches du trône, elle les enchanta eux et leur cortége dans cette position, jusqu'à ce qu'une dame de grande beauté vint détourner Anastarax et qu'un illustre chevalier vint rompre le charme (Ces exemples et ces explications sur la gloire de Niquée sont empruntés à BOISSONADE, Morceaux de critique, t. II, p. 60).

http://dico.reverso.net/dictionnaire-francais-littre/dic/definition/gloire/34858

... d’où le proverbe “être dans la gloire de Niquée” très usité aux XVII et XVIIIes siècles, selon le Littré, où il faut voir l’expression du bonheur parfait : “Vous voilà donc, mon cher enfant, dans votre gloire de Niquée.” (Voltaire, lettre à d’Arnaud). Tout le monde aura remarqué l’importance majeure de la majuscule : il y a dans l’emploi judicieux ou désordonné de cet ornement typographique toute la différence entre la béatitude et la perdition.

http://correcteurs.blog.lemonde.fr/

Mme d'Heudicourt est dans la gloire de Niquée, elle y oublie qu'elle est prête d'accoucher. [Mme de Sévigné]

dimanche 23 décembre 2007

Mort de Julien Gracq

aujourd'hui, à 97 ans, il est mort, disent les journalistes.
Mais sans tambours ni trompettes, ça fait belle lurette qu'il est installé dans l'Olympe des Immortels §

"La vérité est qu’il y a probablement dans l’écrivain, à certains moments privilégiés où il tourne vers ce qu’il fait, un regard qui lui paraît naïvement intemporel, un fou qui sait, qui a raison contre tous les autres, présents ou futurs, et à qui la postérité même apparaît pour le juger sans justification suffisante. La postérité, avec ses goûts et ses jugements, ce n’est après tout que la littérature militante de demain – lui, dans ses moments, il est sur un autre plan : il s’intègre d’emblée à la littérature triomphante." J. Gracq, Lettrines

vendredi 21 décembre 2007

SSSSSSSSSSSSSsssssssssssssssssssssssss

SSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
SSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSsssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssss

C'est les vacanCes !

mardi 18 décembre 2007

"Pour lancer un manifeste

il faut vouloir : A.B.C., foudroyer contre 1, 2, 3, s'énerver et aiguiser les ailes pour conquérir et répandre de petits et de grands a, b, c, signer, crier, jurer, arranger la prose sous une forme d'évidence absolue, irréfutable, prouver son non-plus-ultra et soutenir que la nouveauté ressemble à la vie comme la dernière apparition d'une cocotte prouve l'essentiel de Dieu. Son existence fut déjà prouvée par l'accordéon, le paysage et la parole douce.
Imposer son A.B.C. est une chose naturelle, — donc regrettable. Tout le monde le fait sous une forme de cristalbluffmadone, système monétaire, produit pharmaceutique, jambe nue conviant au printemps ardent et stérile. L'amour de la nouveauté est la croix sympathique, fait preuve d'un jem'enfoutisme naïf, signe sans cause, passager, positif. Mais ce besoin est aussi vieilli. En donnant à l'art l'impulsion de la suprême simplicité : nouveauté, on est humain et vrai envers l'amusement, impulsif, vibrant pour crucifier l'ennui. Au carrefour des lumières, alerte, attentif, en guettant les années, dans la forêt.
J'écris un manifeste et je ne veux rien, je dis pourtant certaines choses et je suis par principe contre les manifestes, comme je suis aussi contre les principes (décilitres pour la valeur morale de toute phrase — trop de commodité; l'approximation fut inventée par les impressionnistes).
J'écris ce manifeste pour montrer qu'on peut faire les actions opposées ensemble, dans une seule fraîche respiration; je suis contre l'action; pour la continuelle contradiction, pour l'affirmation aussi, je ne suis ni pour ni contre et je n'explique pas car je hais le bon sens...."
http://cf.geocities.com/dadatextes/manifestedada1918.html



lundi 17 décembre 2007

Intervention

Autrefois, j'avais trop le respect de la nature. Je me mettais
devant les Choses et les paysages et je les laissais faire.
Fini, maintenant "j'interviendrai"
J'étais donc à Honfleur et je m'y ennuyais.
Alors résolument, j'y mis du chameau. Cela ne paraît pas fort
indiqué. N'importe, c'était mon idée. D'ailleurs, je la mis
à exécution avec la plus grande prudence. Je les introduisis
d'abord les jours de grande affluence, le samedi sur la place
du Marche'. L'encombrement devint indescriptible et les touristes
disaient : " Ah ! ce que ça pue ! Sont-ils sales les gens d'ici ! "
L'odeur gagna le port et se mit à terrasser celle de la crevette.
On sortait de la foule plein de poussières et de poils d'on ne
savait quoi.
Et la nuit, il fallait entendre les coups de pattes des chameaux
quand ils essayaient de franchir les écluses, gong ! gong !
sur le métal et les madriers !
L'envahissement par les chameaux se fit avec suite et sûreté.
On commençait à voir les Honfleurais loucher à chaque instant
avec ce regard soupçonneux spécial aux chameliers,
quand ils inspectent leur caravane pour voir si rien ne manque
et si on peut continuer à faire route ; mais je dus quitter Honfleur
le quatrième jour.
J'avais lancé également un train de voyageurs. Il partait à toute
allure de la Grand-Place, et résolument s'avançait sur la mer
sans s'inquiéter de la lourdeur du matériel ; il filait en avant,
sauvé par la foi.
     Dommage que j'aie dû  m'en aller, mais je doute fort que
le calme renaisse tout de suite en cette petite ville de pêcheurs
de crevettes et de moules.
 
                                  Henri Michaux  Mes propriétés 

dimanche 16 décembre 2007

info ou intox ?

Message daté du 14/12/07 reçu dans ma boîte aux lettres et diffusé très largement sur le net. Hoaxbuster ne connaît pas en tous cas...

Bonjour à tous,
Ma fac (Lyon II) s'enfonce tous les jours un peu plus dans le mépris des étudiants et dans un logique policière qui m'inquiète profondément. Les médias ne nous suivent pas, ne relayent rien, s'auto censurent ou se font censurer.

Tout a commencé avec la Loi Pécresse de réforme des Universités, signée dans la précipitation cet été par le président de la fac, Monsieur Journès.Certains étudiants et enseignants s'opposent à cette loi. Les étudiants ont choisi le blocage de l'Université comme mode d'action. On peut être pour ou contre, je ne suis pas sûre que ce choix ai rendu service aux manifestants et à leur image mais aujourd'hui, à la limite, peu importe. On a, pour l'instant, dépassé ce débat.

Depuis quelques jours, le président de l'Université a fait appel aux "forces de l'ordre": des vigiles privés, très jeunes, non asermentés, arrogants et dépassés par les événements, patrouillent dans la fac avec au bras un brassard orange marqué "sécurité". Ils apostrophent tout le monde, tutoient tout le monde, et nous demandent de justifier de notre présence dans l'Université en montrant notre carte "cumul" (une carte magnétique d'étudiant ou d'enseignant qui sert aussi de carte de bibliothèque et de carte... de paiement dans l'enceinte de la fac... ce qui, en soit, ne me plaît déjà pas beaucoup).

Il semble bon de rappeler qu'une Université est, selon la loi, un "établissement public à vocation scientifique et culturelle"... Les étudiants qui manifestaient scandaient à l'encontre des vigiles, hier atin: "Voyous, racailles." Car certains d'entre eux s'amusent à retenir les étudiantes pour les draguer, d'autres en sont venus aux mains avec des étudiants de leur âge, une étudiante a été "étranglée" avec son écharpe pour qu'elle dégage un passage.

A l'entrée principale du campus de Bron, et rue Chevreul sur le campus des quais du Rhône, dès 7h30 le matin, tous les jours, les CRS arrivent pour déloger les étudiants qui protestent. 9 cars de CRS devant le campus de Bron, 9 cars de CRS devant le campus des quais de Rhône. Ils sont, régulièrement, soutenus par la gendarmerie mobile.

J'étais là, hier matin. Deux de mes étudiantes m'avaient dit avoir été "molestées" par les CRS la veille et voulaient que j'en sois témoin. Eh bien oui, ils les plaquent au sol, les jettent plus loin, les matraquent dans le ventre et sur la tête.

Sur les quais, hier, deux leaders syndicaux étudiants (un de Lyon 2, l'autre de Lyon 3) ont été désignés du doigt par des policiers en civil avant d'être poursuivis dans une rue adjacente par les CRS. Ce qui signifie, nous sommes d'accord, qu'un travail préalable "d'information" a été effectué et que ces arrestations sont ciblées pour détruire les mouvements syndicaux.

Les deux hommes sont en garde-à-vue et devraient être déférés à la Justice aujourd'hui même (donc: il existe désormais des comparutions immédiates pour les manifestants, vous serez prévenus). Dans un communiqué odieux et mensonger, la présidence de la fac dit qu'ils sont "extérieurs à l'Université" et que ces arrestations sont survenues après des troubles. Il n'y a pas eu de troubles autres que la manifestation pacifique, nous sommes plusieurs enseigants à en être témoins.

Un étudiant a été blessé et, une fois aux Urgences, a hérité de douze points de suture sur le crâne. Des étudiants ont été mis en joue au flashball. Des policiers en civils sont toujours là, dont un homme sur mon campus: de "type méditerrannéen", il porte une grosse doudoune noire, un talkie walkie dans une poche, un appareil photo dans l'autre. Lui et ses camarades filment longuement les manifestants. S'ils ont effectivement été convoqués par le président de l'Université dans le seul but de permettre aux étudiants qui veulent suivre les cours d'entrer dans la fac, pourquoi filment-ils? Doit-on ajouter la DGSE à la liste des membres du personnel de l'université?

De notre côté, enseignants ou étudiants, ils nous empêchent un maximum de filmer. Ce qui siginifie que les images disponibles sur youtube et sur dailymotion ne sont pas à la hauteur de la réalité.

Face à cette situation, plusieurs enseignants, dont je suis, ont refusé de faire cours. Je refuse d'entrer dans une fac investie de forces de police, de gendramerie et de vigiles privés non asermentés. Je refuse de montrer des papiers d'identité pour me rendre sur mon lieu de travail. Je refuse de me faire bousculer par des CRS. Je refuse de me faire tutoyer avec mépris par des individus que je ne connais pas. Je refuse d'entendre un vigile insulter un de mes collègues (pourtant munis du sac en cuir typique de l'enseignant, pourtant plus honorable que moi dans l'allure avec ses cheveux blancs) en lui disant "J'vais t'fumer toi, j'vais t'fumer."

Nous ne sommes pas, que je sache, dans un état policier. Ou alors il faut nous le dire clairement, parce que cela signifie que les règles du jeu ont changé. Je croyais que l'on avait le droit de grève dans notre pays. Je crois que ce qui m'inquiète le plus, c'est de recevoir des communiqués de la Présidence affirmant que la situation est désormais "normale". SI CETTE SITUATION EST NORMALE, JE DEMISSIONNE.

D'autre part, pour permettre l'action des ces policiers, militaires et vigiles, toutes les sorties de sécurité sont bloquées. Certains enseignants et étudiants s'obstinent à faire cours dans une ambiance délétère et dangereuse. Ce qu'ils risquent purement et simplement, en cas d'incendie, c'est de brûler vifs dans des locaux qui sont déjà vétustes. Je joins à ce message la "Lettre ouverte à la présidence de Lyon 2" rédigée par des enseignants (datée d'avant hier 5 décembre et déjà dépassée par les événements d'hier), ainsi que le dernier message de la présidence elle-même, pour que vous puissiez juger vous-même de la mauvaise foi, du mépris et des ronds de jambe du langage qui se banalisent dans notre environnement politique et médiatique. Ce message est, bien sûr, à faire passer si vous en ressentez le besoin.

Alice Verstraeten

jeudi 13 décembre 2007

incipio

Un vieillard, qui toujours plaint le présent et vante le passé, me disait : " Mon ami, la France n'est pas aussi riche qu'elle l'a été sous Henri IV. Pourquoi? C'est que les terres ne sont pas si bien cultivées; c'est que les hommes manquent à la terre, et que le journalier ayant enchéri son travail, plusieurs colons laissent leurs héritages en friche.

- D'où vient cette disette de manœuvres?

- De ce que quiconque s'est senti un peu d'industrie a embrassé les métiers de brodeur, de ciseleur, d'horloger, d'ouvrier en soie, de procureur, ou de théologien. C'est que la révocation de l'édit de Nantes a laissé un très grand vide dans le royaume; que les religieuses et les mendiants se sont multipliés, et qu'enfin chacun a fui, autant qu'il a pu, le travail pénible de la culture, pour laquelle Dieu nous a fait naître, et que nous avons rendue ignominieuse, tant nous sommes sensés!

" Une autre cause de notre pauvreté est dans nos besoins nouveaux. Il faut payer à nos voisins quatre millions d'un article, et cinq ou six d'un autre, pour mettre dans notre nez une poudre puante venue de l'Amérique; le café, le thé, le chocolat, la cochenille, l'indigo, les épiceries, nous coûtent plus de soixante millions par an. Tout cela était inconnu du temps de Henri IV, aux épiceries près, dont la consommation était bien moins grande. Nous brûlons cent fois plus de bougie, et nous tirons plus de la moitié de notre cire de l'étranger, parce que nous négligeons les ruches. Nous voyons cent fois plus de diamants aux oreilles, au cou, aux mains de nos citoyennes de Paris et de nos grandes villes qu'il n'y en avait chez toutes les dames de la cour de Henri IV, en comptant la reine. Il a fallu payer presque toutes ces superfluités argent comptant.

" Voilà en partie les causes de notre pauvreté. Nous la cachons sous des lambris vernis, et par l'artifice des marchandes de modes : nous sommes pauvres avec goût. Il y a des financiers, des entrepreneurs, des négociants très riches; leurs enfants, leurs gendres, sont très riches; en général la nation ne l'est pas. "


mardi 11 décembre 2007

Pour M

Ciel, air, et vents, plains et montz descouvers,

Tertres fourchuz, et forestz verdoyantes,

Rivages tortz, et sources ondoyantes,

Taillis razez, et vous bocages verds,

Antres moussus à demyfront ouvers,

Prez, boutons, fleurs, et herbes rousoyantes,

Coustaux vineux, et plages blondoyantes,

Gastine, Loyr, et vous mes tristes vers:

Puis qu'au partir, rongé de soing et d'ire,

A ce bel oeil, l'Adieu je n'ay sceu dire,

Qui pres et loing me detient en esmoy:

Je vous supply, Ciel, ait, ventz, montz et plaines,

Tailliz, forestz, rivages et fontaines,

Antres, prez, fleurs, dictes le luy pour moy.

Les Amours de P. De Ronsard Vandomois 1552-1553

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k101485b

lundi 10 décembre 2007

presque 60 ans...

10 décembre 1948 : les Nations Unies adoptent la Déclaration universelle des droits de l’homme.

10 décembre 2007 : Le Secrétaire général des Nation Unies , M. Ban Ki-moon déclare que « Nous avons le devoir de veiller à ce que ces droits deviennent une réalité vivante – qu’ils soient connus, compris et exercés par tous et en tout lieu. C’est souvent ceux qui ont le plus besoin que leurs droits fondamentaux soient protégés, qui ont également besoin d’être informés de l’existence de la Déclaration – et qu’elle existe pour eux. »


La déclaration universelle des droits de l'homme, traduite en 369 langues :
http://www.unhchr.ch/udhr/navigate/alpha.htm#F

dimanche 9 décembre 2007

lecture. un fabliau médiéval

Les trois bossus

Seigneurs, si vous voulez me prêter un peu attention, je vous raconterai une belle aventure.

Jadis vivait en un château, peut-être bien à Douai, un bourgeois qui menait une existence aisée. Il avait une fille belle à ravir, je renonce à décrire sa beauté, c'est au-dessus de mes forces. Sans être très riche, ce bourgeois était de bonne compagnie et jouissait d'une bonne renommée dans la ville.

Il y avait aussi dans la ville un bossu, je n'en ai jamais vu de si mal loti : il était d'une laideur parfaite : énorme tête, hure affreuse, cou très court, larges épaules relevées. Ce serait folie de vouloir donner une idée de sa hideur. Il était l'homme le plus cossu de la ville. Grâce aux biens qu'il avait amassés, ses amis lui avaient obtenu pour femme cette séduisante jeune fille. Mais depuis son mariage, il n'était pas un seul jour sans souci, si jaloux qu'il était perpétuellement inquiet. Il tenait tout au long de la journée sa porte fermée. Toujours assis sur le seuil de sa maison, il en interdisait l'entrée à tout le monde, à moins qu'on ne lui apporte quelque chose ou qu'on sollicite un emprunt.

À un Noël, trois bossus, des vauriens, viennent le trouver en lui disant qu'ils veulent faire la fête avec lui, nulle part ils ne la feraient mieux, puisqu'ils étaient bossus comme lui.

Le maître de maison les fait monter à l'étage où le repas était tout prêt. Ils s'assoient à la table devant un succulent et copieux dîner ; le bossu n'était pas avare, ils eurent chapons et pois au lard. Après le repas, leur hôte leur donne à chacun vingt sous de Paris[1], mais leur défend de paraître à l'avenir dans sa maison et sa propriété, car s'ils y sont surpris, ils prendront un terrible bain froid : la maison donnait en effet sur la rivière. Les bossus se retirent, tout joyeux d'avoir passé une bonne journée et leur hôte les quitte pour traverser le pont.

La dame qui les avait entendu chanter et prendre du bon temps les rappelle tous les trois, pour entendre encore leurs chansons et elle ferme bien la porte. Pendant qu'ils chantent et s'amusent avec la dame, voilà que revient le mari qui ne s'est pas absenté longtemps. Il appelle rageusement à la porte, elle entend son mari, le reconnaissant à sa voix, mais elle ne sait que faire des bossus ni comment les cacher. Il y avait près de l'âtre un châssis de lit qu'on pouvait déplacer et trois coffres à l'intérieur. Elle met un bossu dans chacun des coffres.

Le mari est entré et s'assoit un court instant près de la dame, puis il descend, sort et s'en va. La dame n'est pas fâchée de voir son mari dans l'escalier : il faut qu'elle se débarrasse des bossus cachés dans les coffres, mais en les ouvrant elle les trouve tous les trois morts, saisie de stupeur à cette découverte. Elle court à la porte d'en-bas, hèle un porteur qu'elle a aperçu. Quand l'homme l'entend, il accourt sans tarder.

« Ami, dit-elle, écoute-moi. Si tu me donnes ta parole que tu ne souffleras mot de ce que je vais te dire, tu auras une belle récompense : je te donnerai trente bons deniers, l'affaire une fois faite.»

À ces mots, l'homme le lui promet, alléché par l'aubaine et il monte à l'étage.

«Mon ami, dit la dame en ouvrant un des coffres, ne vous étonnez de rien. Portez-moi ce mort à la rivière, vous me rendrez un grand service. »

Elle lui tend un sac, il le prend, y fourre d'un seul coup le bossu, le soulève, le prend sur son cou, descend l'escalier, court à la rivière, jusqu'au pont, et jette le bossu à l'eau. Sans plus attendre, il revient à la maison. La dame a déjà tiré du lit un autre bossu à grand-peine, jusqu'à en perdre le souffle, puis s'est éloignée un peu du cadavre. Son porteur arrive au pas de course.

« Dame, dit-il, à présent payez-moi ! Je vous ai bien débarrassée du nain.

— Pourquoi vous moquez-vous de moi, dit-elle, sacré mauvais sujet ? Le nain est revenu ici, vous ne l'avez pas jeté à l'eau, vous l'avez ramené avec vous. Si vous ne me croyez pas, le voilà !

Comment, cent mille diables ? Il est revenu ici ? J'en suis abasourdi. Il était mort pourtant ! C'est un diable de l'enfer, mais par saint Rémi, il n'aura pas le dessus ! »

II saisit alors l'autre bossu, le met dans le sac, le prend sur son cou sans effort et quitte la maison. Tout aussitôt la dame tire le troisième du coffre et l'allonge près du feu. Le porteur, lui, lance à l'eau son bossu, la tête la première.

« Allez, crie-t-il, soyez maudit, si vous revenez. »

Et le voici de retour chez la dame pour être payé et elle accepte sans discussion de bien le dédommager. Elle le mène alors à l'âtre, comme si elle ne savait rien du troisième bossu qui était couché là.

« Voyez, dit-elle, un vrai miracle ! Qui a jamais entendu dire le pareil ? Revoilà le bossu ! »

L'homme n'a pas le sourire aux lèvres, quand il le voit allongé près du feu.

« Eh, par le saint cœur de Dieu, a-t-on jamais vu un vaurien de cette espèce ? Je ne ferai donc aujourd’hui que porter ce vilain bossu ! Je le trouve toujours revenu ici, après l'avoir jeté à l'eau ! »

Il met le troisième bossu dans le sac le cale sur son cou, en sueur de colère et de rage. Il refait le chemin et balance son fardeau dans l'eau.

« Va-t'en, dit-il à ce maudit démon. Je t'aurai charrié combien de fois aujourd'hui ! Si je te vois encore revenir, tu le regretteras. Je crois que tu m'as eu par un tour de magie, mais, par Dieu, à partir de maintenant si tu suis mes pas et si je trouve un bâton ou une trique, je te flanquerai un coup sur la nuque qui te laissera un bandeau tout rouge. »

À ces mots il refait le trajet jusqu'à la maison, mais avant de s'engager dans l'escalier, il regarde derrière lui et voit le mari qui revient chez lui. Le pauvre homme prend la chose au sérieux et se signe trois fois :

« Au nom du Seigneur Dieu, à l'aide ! Il est enragé, ma foi, de me suivre si près de mes talons, il va presque me rattraper. Par saint Morand, il me prend pour un imbécile ; j’ai beau le porter, il tient à me narguer en revenant derrière moi. »

Il court pour saisir de ses deux poings un gourdin qu’il voit suspendu à la porte, puis regagne l’escalier, tandis que le mari s’apprête à monter.

« Comment, monsieur le bossu, vous êtes de retour ! Quel entêtement, ma parole ! Mais, par le corps de sainte Marie, vous n’avez pas eu de chance de revenir dans ces parages. Vous me prenez pour un crétin ! »

Il lève alors le bâton, lui en assène un coup si violent sur sa grosse tête qu’il lui répand la cervelle sur le sol, il l’abat mort au pied de l’escalier ; puis il le glisse dans le sac dont il ligote l’ouverture avec une corde, se met en route d’un pas rapide et lance à l’eau le sac qu’il avait bien ficelé de peur que l’individu ne le suive à nouveau.

« Allez au fond ! et tant pis pour vous, dit-il. Je suis sûr maintenant que tu ne reviendras pas, on verra avant les bois refleurir. »

Il va chez la dame, réclame son paiement, puisqu’il lui a scrupuleusement obéi. Sans difficulté, elle lui donne son dû, trente livres tout rond, satisfaite qu’elle est du marché. Elle se dit qu’elle a fait une bonne journée, maintenant qu’elle est débarrassée de son hideux mari, et se voit heureuse jusqu’à la fin de ses jours.

Durand, l’auteur de ce conte, déclare qu’il n’est pas de femme qu’on ne puisse avoir avec de l’argent et qu’avec de bons deniers, il est possible de tout avoir. C’est ainsi que le bossu épousa la dame. Honte à quiconque a le culte de l’argent et lui accorde la première place.



Liens pour joindre l'utile et l'agréable en langue française à destination des collégiens et des curieux

Aucun manuel, aucun exercice, aucun professeur ne pourra vous faire progresser si vous ne le voulez pas vous-mêmes.

Si vous êtes décidés à faire des progrès, les différents cours donnés au collège seront votre premier point d’appui : le français s’apprend en français mais aussi en histoire, sciences, IDD… pensez, par exemple, à utiliser votre carnet répertoire.

Voici des outils de travail complémentaires qui peuvent vous aider mais attention, il ne sert à rien d’accumuler les exercices si on n’en retient rien et si on ne s’en sert pas pour mieux comprendre ses lectures et pour mieux écrire !

En ligne et disponible gratuitement

Pour retrouver les règles et notions de grammaire, orthographe :

http://grammaire.reverso.net/index.shtml

Pour évaluer ses connaissances en orthographe :

http://grammaire.reverso.net/testez-vous.shtml

Pour faire des exercices interactifs au niveau français-langue étrangère (pour ceux qui n’ont pas de souvenirs précis des cours de grammaire de primaire et de 6e/5e) :

http://www.xtec.es/%7Esgirona/fle/fle_exerc.htm

http://www.arts.kuleuven.be/weboscope/grammaire/e_gr0.htm

Pour faire des exercices interactifs de niveau français-collège et revoir les notions :

http://www.ccdmd.qc.ca/fr/exercices_interactifs/

Cours et exercices de grammaire/orthographe/conjugaison/vocabulaire du CM1 à la 3e et au-delà :

http://www.123cours.com/

http://www.gratumstudium.com/francais/menu_fcs.asp

http://www.leconjugueur.com/

Un dictionnaire français très précis :

http://atilf.atilf.fr/tlf.htm

et un autre moins précis mais très efficace :

http://dictionnaire.tv5.org/dictionnaires.asp

Livres très utiles mais assez cher

Livre de grammaire, orthographe grammaticale et étude du vocabulaire :

Nouvelle grammaire du collège Tout le programme de la 6e à la 3e Editions Magnard

ISBN 978 2 210 44669 4

Cours supérieur d’orthographe, par E. et O. Bled, aux éditions Classiques Hachette.

ISBN: 978-2 010 11506 6

Une stratégie efficace, gratuite mais de longue haleine

« Recopier chaque jour, attentivement, une page d’un ouvrage écrit en français correct (1) _ Mais une page, et une seule. En revanche, ce travail est à faire chaque jour, y compris les dimanches et les jours fériés, été comme hiver. C’est, en effet, un travail de longue haleine, qui vaut par la distillation lente de rencontres fréquentes : toute précipitation produirait un effet de satiété, qui interromprait rapidement l’effort. Tous ceux qui ont pratiqué le « petit latin » ou le « petit grec » connaissent bien ces effets. » (dixit Basile Sotirakis)


(1) une page de littérature du manuel de français, par exemple.

Liens pour joindre l'utile et l'agréable en latin


Pour trouver un texte :
http://www.thelatinlibrary.com/
http://www.perseus.tufts.edu/
http://www.retiarius.org/index.php
http://perso.wanadoo.fr/juxtas/

Pour l'apprentissage de la langue :
http://www.gratumstudium.com/

http://www.xena.ad/lcf/latin/indexlat.htm

http://perso.orange.fr/prima.elementa/Latin-01.html





Plus général, langue et civilisation :
http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/Lettres/classics.htm#c15
http://www.educnet.education.fr/musagora/default.htm

http://lemonderomain.free.fr/index.html

http://perso.orange.fr/patrick.nadia/Coin_antiquisants.html

http://multamedia.free.fr/rubrique.php3?id_rubrique=12

http://www.locutio.com/

Il existe des ressources vraiment passionnantes chez nos amis Suisses (site de l'université de Neuchâtel)

On peut fouiller ici :
http://www2.unine.ch/antic/page6403.html

Un document intéressant à télécharger : "le latin après le latin"

http://www.unine.ch/antic/51aBloudanis.doc

le syllabus, avec des pages tout à fait dignes d'intérêt sur l'histoire des idées et des mentalités :

http://www.unine.ch/antic/syllabus.html

pour la pub, fille de Latin et de Grec :

http://www.weblettres.net/pedagogie/contributions/seqdescriptif.doc
http://perso.wanadoo.fr/patrick.nadia/Antiquite_actualite.html
http://www.ac-rouen.fr/colleges/braque/latin/p1.htm
http://www3.dfj.vd.ch/~latin/latin_et_grec.htm
http://www.artsculture.education.fr/presence_litterature/ovide/dossiers/pro_pedago/daphne.asp

http://www2.educnet.education.fr/sections/lettres/im_pdflettres/gallia/file

http://www.musees-strasbourg.org/

pour le vocabulaire :

http://www.dicolatin.com/

et bien sûr, le super logiciel Collatinus et d’autres programmes téléchargeables gratis !

http://www.collatinus.org/programmes.htm

pour entendre parler lire le latin :

http://dekart.f.bg.ac.yu/~vnedeljk/VV/

http://wiredforbooks.org/aeneid/index.html

pour les infos en latin :

http://dekart.f.bg.ac.yu/~vnedeljk/VV/

et les sites super géniaux des copines super géniales

http://www.latinitas.altervista.org/pages/products.htm

http://libellulus.free.fr/travaux/travaux.htm

Anne sur son site Libellulus signale en particulier :

http://www.vroma.org:7878/ : site américain, permettant de faire une visite virtuelle de la Rome antique. Pour entrer, cliquer sur "Log in". Vous pourrez également discuter (en anglais ou en latin...) avec les visiteurs connectés en même temps que vous.

http://ephemeris.alcuinus.net/: pour lire l'actualité en latin...

http://crdp.ac-besancon.fr/ressourc/flore/recettes_latin/Sommaire.htm: pour cuisiner des plats romains. (pain grillé au miel, patina de poires, jambon aux figues...) http://www.gratumstudium.com/latin/menu_latin.asp: pour jouer en révisant la grammaire, le vocabulaire, la civilisation ou la mythologie.

http://www.romejpem.fr.st/: pour les amateurs de jeux de rôle en ligne. Vous incarnez un Sénateur qui doit suivre le "cursus honorum" et s'illustrer dans des domaines tels que l'éloquence, la richesse, l'habileté au combat. http://latin.wunderground.com/global/FR.html : la météo en latin !!! http://espacecollege.free.fr : le jeu de l'oie pour les lecteurs de Flaminius et beaucoup d'autres ressources...

http://education.france5.fr/romains/accueil.html : des idées et des documents pour réaliser la maquette d'une cité romaine

plus local :

http://perpignan.latinitatis.com/

Textes officiels sur l’enseignement du latin

http://www.cndp.fr/textes_officiels/college/programmes/bprg_54/latin.pdf

http://www.cndp.fr/textes_officiels/college/programmes/bacc_54/latin_54.pdf

http://www.education.gouv.fr/bo/2000/hs6/latin.htm

http://www.education.gouv.fr/bo/2000/hs7/default.htm

http://www.education.gouv.fr/botexte/hs010803/MENE0101657A.htm

http://www.cndp.fr/lesScripts/bandeau/bandeau.asp?bas=http://www.cndp.fr/doc_administrative/programmes/secondaire/langanci/lycee.htm

http://www.cndp.fr/lesScripts/bandeau/bandeau.asp?bas=http://www.cndp.fr/doc_administrative/programmes/secondaire/langanci/lycee.htm

http://www.ac-nancy-metz.fr/enseign/lettres/inspection/Divers/rentree_2000_college.htm

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et bonne lecture, bien sûr !