Roman Calendar

jeudi 31 janvier 2008

chut ! écoutez... chut ! regardez...

http://litteratureaudio.free.fr/verlaine-il_pleure_dans_mon_coeur.mp3


Gustave Caillebotte - Rue de Paris, temps de pluie


Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur?

O bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits!
Pour un cœur qui s'ennuie
O le chant de la pluie!

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écoeure.
Quoi? Nulle trahison?
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon cœur a tant de peine.

mercredi 30 janvier 2008

Nec dea intersit, nisi dignus vindice nodus inciderit !

De Arte poetica, Horace

Hum... je bricole un peu ? Oui mais pourquoi dérangerait-on les déesses quand on ne peut déranger les dieux ?
C'est dit !

mardi 29 janvier 2008

recommandé ? déconseillé ? Bof ou Super ?

L’échange du Paul Claudel après conversion (!),
époque du 2nd Tête d'Or (1894)!

Avec Nathalie Richard, Alain Libolt,
Lazare Herson-Macarel, Julie Nathan

Mise en scène
Yves Beaunesne

...
En attendant des réponses, allons-y pour un petit hommage à la sœurette, la grande, très grande CAMILLE

lundi 28 janvier 2008

On cherche aussi, nous autres, Le Grand Secret.



LE GRAND COMBAT

Il l'emparouille te l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupète jusqu'à son drâle ;
Il le pratèle et le libuque et lui baruffle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l'écorcobalisse.
L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C'en sera bientôt fini de lui ;
Il se reprise et s'emmargine... mais en vain
Le cerceau tombe qui a tant roulé.
Abrah ! Abrah ! Abrah !
Le pied a failli !
Le bras a cassé !
Le sang a coulé !
Fouille, fouille, fouille
Dans la marmite de son ventre est un grand secret
Mégères alentour qui pleurez dans vos mouchoirs ;
On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne
Et vous regarde,
On cherche aussi, nous autres, le Grand Secret.


Henri MICHAUX ; Qui je fus Gallimard, 1927

dimanche 27 janvier 2008

sondage


dessin publié sur le site du Ministère de l'Education nouvelle.

La suppression de postes a-t-elle un effet sur la pédagogie ?

Cliquez "Sondage" pour pouvoir répondre !

samedi 26 janvier 2008

miroir à briser

"le pouvoir du journaliste ne se fonde pas sur le droit de poser une question, mais sur le droit d'exiger une réponse."
Milan Kundera, L'immortalité, traduction d'Eva Bloch, p.166, Folio

vendredi 25 janvier 2008

It's a free world ? Non ! le fils de l'épicier !

Ce devait être "It's a free world". Et bien non ! partie remise ! surprise ! ce soir c'était "Le fils de l'épicier", rafraichissant !
Mais c'est bien toujours le même monde !

jeudi 24 janvier 2008

There’s a bluebird in my heart that wants to get out

TYLTYL. – J’en ai vu des plus bleus… Mais les tout à fait bleus, tu sais, on a beau faire, on ne peut pas les attraper.
LA PETITE FILLE. – Ça ne fait rien, il est bien joli…
TYLTYL. – Est-ce qu’il a mangé ?…
LA PETITE FILLE. – Pas encore… Qu’est-ce qu’il mange ?…
TYLTYL. – De tout, du blé, du pain, du maïs, des cigales.
LA PETITE FILLE. – Comment qu’il mange, dis ?…
TYLTYL. – Par le bec, tu vas voir, je vais te montrer…
Il va pour prendre l’oiseau des mains de la petite fille ; celle-ci résiste instinctivement, et, profitant de l’hésitation de leur geste, la tourterelle s’échappe et s’envole.
LA PETITE FILLE (poussant un cri de désespoir). – Maman !… il est parti !…
Elle éclate en sanglots.
TYLTYL. – Ce n’est rien… Ne pleure pas… Je le rattraperai… (S’avançant sur le devant de la scène et s’adressant au public.) Si quelqu’un le retrouve, voudrait-il nous le rendre ?…
Nous en avons besoin pour être heureux plus tard…
Rideau !
Maeterlinck L’Oiseau Bleu

mercredi 23 janvier 2008

Dali : "L'unique différence entre moi et un fou....

c'est que je suis pas fou."

Des sites magnifiques pour

l'entendre http://membres.lycos.fr/josua/dali/
le voir, le connaître http://www.universdali.com/salvador_dali.html
le redécouvrir http://www.salvador-dali.org/fr_index.html


Ne manquez pas ça ! cliquez le titre du message, sous ce titre, un diaporama sur Dali, à couper le souffle !

mardi 22 janvier 2008

Ah ! Anna Karénine !



"Tous les bonheurs se ressemblent, mais chaque infortune a sa physionomie particulière. [...] mais ma vie intérieure a conquis sa liberté ; elle ne sera plus à la merci des événements, et chaque minute de mon existence aura un sens incontestable et profond, qu’il sera en mon pouvoir d’imprimer chacune de mes actions : celui du bien."

lundi 21 janvier 2008

Bukowski, encore...There’s a bluebird in my heart.

There’s a bluebird in my heart that
wants to get out
but I'm too tough for him,
I say, stay in there, I'm not going
to let anybody see
you.

there's a bluebird in my heart that
wants to get out
but I pour whiskey on him and inhale
cigarette smoke
and the whores and the bartenders
and the grocery clerks
never know that
he's
in there.

there's a bluebird in my heart that
wants to get out
but I'm too tough for him,
I say,
stay down, do you want to mess
me up?
you want to screw up the
works?
you want to blow my book sales in
Europe?

there's a bluebird in my heart that
wants to get out
but I'm too clever, I only let him out
at night sometimes
when everybody's asleep.
I say, I know that you're there,
so don't be
sad.

then I put him back,
but he's singing a little
in there, I haven't quite let him
die
and we sleep together like
that
with our
secret pact
and it's nice enough to
make a man
weep, but I don't
weep, do
you?

C. Bukowski

Il y a dans mon cœur un oiseau bleu qui
veut s’échapper
mais je suis trop coriace pour lui
Je dis, reste là-dedans, je ne suis pas sur le point
de laisser n’importe qui te
voir

Il y a dans mon cœur un oiseau bleu qui
veut s’échapper
mais je déverse du whisky sur lui et j’inhale
de la fumée de cigarette
et les putes et les tenanciers de bars
et les garçons d’épicerie
ne savent jamais qu’
il est
là-dedans

Il y a dans mon cœur un oiseau bleu qui
veut s’échapper
mais je suis trop coriace pour lui
Je dis,
est-ce que tu veux me
traumatiser ?
tu veux bousiller mes
œuvres ?
tu veux souffler les ventes de mon livre en Europe ?

Il y a dans mon cœur un oiseau bleu qui
veut s’échapper
mais je suis trop malin, je le laisse juste sortir
la nuit quelquefois
quand chacun est endormi.
Je dis, je sais que tu es là,
alors ne sois pas
triste.

et puis je le remets à sa place,
mais il chante un petit peu
là-dedans, je ne l’ai pas tout-à-fait laissé
mourir
et nous dormons ensemble comme
ça
avec notre
pacte secret
et c’est assez gentil pour
faire qu’un homme
pleure, mais je ne
pleure pas, et
vous ?

(traduction de Léah)

vendredi 18 janvier 2008

Il faut que le poète,.....................................

.........................., épris d'ombre et d'azur,
Esprit doux et splendide, au rayonnement pur,
Qui marche devant tous, éclairant ceux qui doutent,
Chanteur mystérieux qu'en tressaillant écoutent
Les femmes, les songeurs, les sages, les amants,
Devienne formidable à de certains moments.
[...]
Les Contemplations, V Hugo

jeudi 17 janvier 2008

vade mecum pour mes lycéens demandeurs

Le Vade-mecum du lycéen en français
= Minimum « vital » du candidat bachelier
Document mis à disposition par une très aimable collègue, CM Greiner, et arrangé par mes soins.

remarque : Beaucoup de ces notions, revues en 2nde ou première, ont été vues au collège.
Discourir, c’est dire ou écrire sur un sujet quel qu’il soit. On peut classer les discours en fonction de leur but dans le langage. Tout le monde utilise les discours. En fonction du but que l’on veut atteindre on choisit tel ou tel discours. Un texte peut relever d’un ou plusieurs discours à la fois. (manuel p 38 à 39)

Narratif : pour raconter
Argumentatif : pour convaincre ou persuader
Explicatif : pour expliquer (un fonctionnement, une position, une idée)
Descriptif : pour décrire
Informatif : pour donner une information.
Injonctif : pour faire agir

Les registres

Dans les textes littéraires des sentiments, des émotions sont exprimés par l’auteur et ou les personnages. Chaque registre utilise des procédés qui lui sont propres.(manuel p 36 à 37)

1. L’épique : utilisé quand le texte rend compte d’un combat, d’une lutte. Textes évoquant l’héroïsme, la chevalerie, les conquêtes, les grands voyages au péril de la vie…
2. Le lyrique : utilisé pour épancher les sentiments et les émotions à la première personne. Ton intime. Le personnage ou l’auteur utilise la nature, l’idée de Dieu ou de puissances surnaturelles pour décrire ses états d’âme.
3. Le tragique : quand l’homme ne peut échapper à son destin, à la fatalité.
4. Le pathétique : pour témoigner et faire ressentir la pitié, la compassion, l’attendrissement. Faire comprendre les souffrances d’un personnage ou d’un auteur.
5. Le comique (humour, fantaisie, ironie, satire) : pour faire rire, mais aussi pour critiquer ou se moquer.
6. Le polémique : pour provoquer des débats. Le registre polémique s’attaque aux valeurs ou aux institutions qu’il condamne.

Les figures de style (ou procédés d’écriture)

Qu’est-ce que c’est ? La figure de style ou le procédé de style ou d’écriture est une manière particulière de dire les choses pour mieux faire sentir des oppositions et des contrastes, des idées importantes, des sensations et des sentiments. Les figures de style sont l’équivalent des différentes couleurs que le peintre utilise pour faire un tableau. Elles apportent des NUANCES. Pour la définition précise de chaque figure, se reporter à votre manuel (p 104 à 106)

A. Les figures d’insistance (effet produit : insistent sur une idée ou un thème)
- la répétition (l’anaphore)
- le parallélisme (Nu je suis né, nu je mourrai = Adj + GV / Adj + GV)
- le chiasme (Nu je suis né, je mourrai nu= Adj + GV / GV+ Adj)
- l’accumulation (énumération et gradation)
- l’hyperbole
- la prétérition

B. Les figures d’opposition (effet produit : oppose deux énoncés de sens contraire)
- l’antithèse : « je vis, je meurs »
- l’oxymore : « une pâleur éblouissante », « le soleil noir de la mélancolie »

C. Les figures de substitution (effet produit : remplacent un mot ou une idée par une autre pour ajouter une nuance)
- l’euphémisme (« il s’est endormi pour toujours », pour dire « il est mort »)
- la litote («Ce n’est pas malin » pour dire que c’est vraiment bête)
- la périphrase (le pays du soleil levant = le Japon)
- l’antiphrase (« Ah ! bravo » quand quelqu’un casse quelque chose)

D. Les figures de sens : (effet produit : on attribue à un élément les caractéristiques d’un autre élément pour renforcer le sens, créer une image, une photo mentale.)
- la comparaison (« il est fort comme un lion »)
- la métaphore (c’est un lion ce type !)
- la métonymie (sers-moi un verre)
- la synecdoque( « il faut que je trouve un toît » = une maison )

Les grandes notions d’histoire littéraire (manuel p 10 à 32)

- L’humanisme (XVIème siècle)
- Le baroque (XVI-XVIIème siècle) / La préciosité
- Le classicisme (XVIIème siècle)
- Les Lumières (XVIIIème siècle)
- Le romantisme (fin XVIIIème-début XIXème siècle°
- Le réalisme (1850 – 1890)
- Le naturalisme (1880-1890
- Le symbolisme (1886 – 1910)
- Le surréalisme (1920)
- L’engagement et l’absurde (milieu XXème)
- Le nouveau roman (1950)

. Chaque mouvement se fait une idée différente de la place de l’art dans la société et de son rôle. Il impose des modèles que les artistes suivent ou non. Les dates données sont indicatives, un mouvement ne naît pas le 1er janvier d’une année pour s’éteindre le 31 décembre 10 ans plus tard !

Et la grammaire dans tout ça ? (manuel p 84 à 86)

Les notions de base en grammaire sont INDISPENSABLES pour analyser un texte ou pour écrire soi-même un texte.
Il faut savoir reconnaître les classes de mots (nature) : verbes, noms, adjectifs, adverbes, pronoms, déterminants, prépositions, conjonctions…
Il faut connaître les différentes fonctions des mots ou groupes de mots et propositions :
- Sujet : fait ou subit l’action ou l’état exprimé(e) par le verbe
- Complément : complète. Sans lui les phrases perdent la moitié de leur sens.
- Attribut : attribue, donne une qualité supplémentaire.
- Verbe : c’est la base de tout : il est l’action du sujet, l’état dans lequel il se trouve, le sentiment qu’il ressent…
Les adjectifs, les adverbes interviennent beaucoup pour modifier le sens d’une phrase (« c’est un grand homme » ou « c’est un homme grand ? » ; « malheureusement, il est tombé » ou « il est tombé malheureusement » ?)…
Pour les verbes : il faut reconnaître les verbes d’action, de pensée, d’état, de sentiment, de parole… mais aussi les temps verbaux et leurs valeurs (présent d’énonciation/ de vérité générale/ de narration…)
La phrase complexe, avec ses subordonnées et ses compléments circonstanciels qui s’enchaînent et se superposent, traduit une pensée plus complexe que celle exprimée par la phrase simple, souvent descriptive. Comparez « Il tombe » à « il tombe parce que le terrain est glissant du fait des pluies abondantes des derniers jours ».
Le sujet fait ou subit l’action. Comparez : « Julien était battu par son père » et « Son père battait Julien tous les jours » : qui est mis en valeur dans chacune de ces phrases ? Sur qui insiste-t-on ?
Les discours rapportés : le discours direct est plus vivant, dans un roman, que le discours indirect. Mais le discours indirect libre permet au lecteur d’entrer dans la pensée du personnage… Comparez : Gervaise dit : « je ne peux plus te supporter, Lantier » / « Gervaise dit à Lantier qu’elle ne pouvait plus le supporter » / « Gervaise se disait qu’elle ne le supportait plus, Lantier ». Qu’est-ce qui vous paraît le plus vivant ? le plus direct ? Le mieux pour rendre compte des sentiments de Gervaise ? Etc…

Derniers conseils

Ayez le réflexe dans toutes les matières de repérer :
- le verbe de la consigne (tiens, de la grammaire…) : il vous dit exactement ce que vous devez faire ;
- la construction de la consigne : vous dit dans quel ordre vous devez faire les choses. Il faut apprendre les méthodes données par cœur, jusqu’à ce qu’elles deviennent des réflexes…
La méthode générale est la même partout :
1) j’observe
2) je décris
3) J’analyse
4) j’explique
5) je donne mon opinion (si on me la demande)

Les étapes 2 à 5 reposent sur des preuves qui ne sont pas à inventer : elles se trouvent soit dans le document (texte, tableau, graphique…) soit dans votre cours (vos connaissances : formule, théorème, définition).

Ah ! Vous n'y aviez pas songé ? Voyons, voyons...

http://www.fep-cfdt.fr/actu/breves/pdf/2008/tract15012008c.pdf

http://www.snes.edu/snesactu/spip.php?article2820

http://www.snuipp.fr/spip.php?article5200

et beaucoup d'autres encore

mercredi 16 janvier 2008

nature... morte ?




Louise Moillon (1610-1696)Nature morte avec cerises, fraises et groseilles? 1630
Pasadena, Norton Simon Museum of Art.

mardi 15 janvier 2008

Rosa, rosa, rosam





"Rosa-la Rouge aussi a disparu
Le lieu où repose son corps est inconnu.
Elle avait dit aux pauvres la vérité
Et pour cela les riches l’ont exécutée."

Bertolt Brecht (1919)
Dessin M. Kalman paru dans The New YOrker

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg est sauvagement assassinée, avec KarI Liebknecht, sur les quais de la Speer par des officiers des corps francs dont sont issus les premiers nazis.

dimanche 13 janvier 2008

anniversaire : 110 ans déjà



C'était le 13 janvier 1898

à lire ici : http://fr.wikisource.org/wiki/J'accuse

jeudi 10 janvier 2008

les loups et les brebis




Après mille ans et plus de guerre déclarée,
Les Loups firent la paix avecque les Brebis.
C’était apparemment le bien des deux partis


http://poesie.webnet.fr/poemes/France/lafontai/92.html

mercredi 9 janvier 2008

De l'horrible danger de la lecture

Une analyse intéressante sur les événements récents :
http://www.laviedesidees.fr/Pourquoi-brule-t-on-des.html

et puis Voltaire, l'incontournable Voltaire :
De l'horrible danger de la lecture (1765)


Nous Joussouf Chéribi, par la grâce de Dieu mouphti du Saint-Empire ottoman, lumière des lumières, élu entre les élus, à tous les fidèles qui ces présentes verront, sottise et bénédiction.
Comme ainsi soit que Saïd Effendi, ci-devant ambassadeur de la Sublime Porte vers un petit État nommé Frankrom, situé entre l'Espagne et l'Italie, a rapporté parmi nous le pernicieux usage de l'imprimerie, ayant consulté sur cette nouveauté nos vénérables frères les cadis et imans de la ville impériale de Stamboul, et surtout les fakirs connus pour leur zèle contre l'esprit, il a semblé bon à Mahomet et à nous de condamner, proscrire, anathématiser ladite infernale invention de l'imprimerie, pour les causes ci-dessous énoncées :
1. Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l'ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés.
2. Il est à craindre que, parmi les livres apportés d'Occident, il ne s'en trouve quelques-uns sur l'agriculture et sur les moyens de perfectionner les arts mécaniques, lesquels ouvrages pourraient à la longue, ce qu'à Dieu ne plaise, réveiller le génie de nos cultivateurs et de nos manufacturiers, exciter leur industrie, augmenter leurs richesses, et leur inspirer un jour quelque élévation d'âme, quelque amour du bien public, sentiments absolument opposés à la sainte doctrine.
3. Il arriverait à la fin que nous aurions des livres d'histoire dégagés du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité. On aurait dans ces livres l'imprudence de rendre justice aux bonnes et aux mauvaises actions, et de recommander l'équité et l'amour de la patrie, ce qui est visiblement contraire aux droits de notre place.
4. Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d'éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance.
5. Ils pourraient, en augmentant le respect qu'ils ont pour Dieu, et en imprimant scandaleusement qu'il remplit tout de sa présence, diminuer le nombre des pèlerins de la Mecque, au grand détriment du salut des âmes.
6. Il arriverait sans doute qu'à force de lire les auteurs occidentaux qui ont traité des maladies contagieuses, et de la manière de les prévenir, nous serions assez malheureux pour nous garantir de la peste, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence.

À ces causes et autres, pour l'édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s'instruire, nous défendons aux pères et aux mères d'enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité‚ quiconque aurait prononcé‚ quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l'ancien usage de la Sublime-Porte.
Donné dans notre palais de la stupidité, le 7 de la lune de Muharem, l'an 1143 de l'hégire.

dimanche 6 janvier 2008

Me gustas cuando callas


Me gustas cuando callas porque estás como ausente,
y me oyes desde lejos, y mi voz no te toca.
Parece que los ojos se te hubieran volado
y parece que un beso te cerrara la boca.


Como todas las cosas están llenas de mi alma
emerges de las cosas, llena del alma mía.
Mariposa de sueño, te pareces a mi alma,
y te pareces a la palabra melancolía.


Me gustas cuando callas y estás como distante.
Y estás como quejándote, mariposa en arrullo.
Y me oyes desde lejos, y mi voz no te alcanza:
déjame que me calle con el silencio tuyo.


Déjame que te hable también con tu silencio
claro como una lámpara, simple como un anillo.
Eres como la noche, callada y constelada.
Tu silencio es de estrella, tan lejano y sencillo.


Me gustas cuando callas porque estás como ausente.
Distante y dolorosa como si hubieras muerto.
Una palabra entonces, una sonrisa bastan.
Y estoy alegre, alegre de que no sea cierto.


Pablo Neruda