Roman Calendar

mercredi 27 février 2008

Le hareng saur


Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle - haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec.

Il vient, tenant dans ses mains - sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou - pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle - gros, gros, gros.

Alors il monte à l'échelle - haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu - toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur blanc - nu, nu, nu.

Il laisse aller le marteau - qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle - longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur - sec, sec, sec.

Il redescend de l'échelle - haute, haute, haute,
L'emporte avec le marteau - lourd, lourd, lourd,
Et puis, il s'en va ailleurs - loin, loin, loin.

Et, depuis, le hareng saur - sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle - longue, longue, longue,
Très lentement se balance - toujours, toujours, toujours.

J'ai composé cette histoire - simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens - graves, graves, graves,
Et amuser les enfants - petits, petits, petits.

Le Coffret de Santal, Charles Cros

mardi 26 février 2008

Question de niveau de langue...

Comment désormais convaincre qu'on ne peut pas parler comme un charretier quand on est jolie comme une princesse ? Qu'à parler comme un charretier tous les jours, on risque de s'humilier à le faire spontanément le jour où il convenait de se comporter en honnête homme?
Petite mise au point préalable : http://www.etudes-litteraires.com/figures-de-style/niveaux-de-langage.php
Heureusement, Cyrano est là toujours prêt pour damer le pion même au petit Nicolas, voyez plutôt :
"LE VICOMTE
Maraud, faquin, butor de pied plat ridicule!
CYRANO otant son chapeau et saluant comme si le vicomte venait de se presenter): Ah?. . .Et moi, Cyrano-Savinien-Hercule De Bergerac."



25/02/2008 18:53 "http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2330058&rubId=4076">
Des linguistes jugent l'usage de la familiarité par Nicolas Sarkozy

Nous avons interrogé plusieurs linguistes sur l'usage de la familiarité au sommet de l'État. Ils soulignent la nécessité d'adapter son langage à sa fonction

L’altercation entre un badaud (« Touche-moi pas, tu me salis ») et le président («Casse-toi alors, pauvre con, va »), au Salon de l’agriculture, a fait le tour du Net. Cet usage de la familiarité, voire de la vulgarité, au sommet de l’État, est à la fois « inquiétant » et « lourd de conséquence », estiment les linguistes.

Pour Alain Bentolila, le vif échange du Salon de l’agriculture illustre une « incapacité à adapter son registre de langage à sa fonction ». « Il y a deux façons de choisir un registre de langage, analyse le linguiste. S’adapter à une situation donnée et ouvrir la porte à l’émotion, ou avoir conscience de qui l’on est et des obligations liées à son statut. Un chef d’État ne peut pas se contenter du premier registre. »

"La fonction présidentielle déconsidérée"
En outre, tout registre de langue évolue en fonction du degré de connivence entre l’émetteur et le récepteur, poursuit Alain Bentolila. « Quand il y a peu de connivence, on utilise le vouvoiement, des mots plus rares, etc., poursuit le linguiste. Nicolas Sarkozy ne connaissait pas l’homme qui l’interpellait samedi, il aurait dû chercher des mots élaborés pour convaincre, donner une chance au dialogue plutôt que de choisir l’insulte. Le danger, c’est que le président n’accepte le dialogue qu’avec ceux qui sont en accord avec lui ou qui le flattent. »

Auteur d’un ouvrage à paraître en mars (Les Mots de Nicolas Sarkozy, Seuil), le linguiste Louis-Jean Calvet rappelle que Jacques Chirac, qui avait reçu un crachat en banlieue parisienne, avait fait mine de ne rien remarquer. « En choisissant l’insulte, son successeur déconsidère la fonction présidentielle », déplore-t-il.

« Stratégie de la vulgarité »
Le directeur de la revue Mots, les langages du politique, Paul Bacot, va plus loin encore, en estimant que Nicolas Sarkozy a adopté volontairement une « stratégie de la vulgarité ». « La vraie rupture est là, poursuit cet enseignant en sciences politiques. En brouillant les pistes et les repères, le chef de l’État finira par rendre acceptable ce qui ne l’était pas, et ce dans n’importe quel domaine, politique, économique ou social. Il s’agit d’un terrorisme symbolique. »

Le professeur de linguistique, Jean Veronis, ne dit pas autre chose : selon lui, la campagne présidentielle a inauguré « une séquence d’abolition des codes et des repères » fondateurs de la société. « Le policier ne doit pas parler comme le voyou, ni le président comme l’homme de la rue. Ce faisant, il affaiblit la fonction et s’affaiblit lui-même. Nul ne peut dire comment cette séquence va se terminer. »

Quoi qu’il en soit, les spécialistes s’accordent pour dire que l’exemple ainsi donné est « catastrophique ». « Le président met les enseignants et les parents dans l’embarras, affirme Louis-Jean Calvet. Comment ces derniers pourront-ils demander aux jeunes de tenir leur langage si le chef de l’État lui-même ne le peut pas ? »
Solenn de ROYER

lundi 25 février 2008

du nouveau

Je viens de créer un nouveau blog, cette fois uniquement destiné à l'enseignement et plus spécifiquement à mes élèves. D'ailleurs, il se nomme
"Rien que pour vous".
Peut-être y seront-ils plus sensibles qu'aux documents papiers. Wait and see.
Si vous trouvez sur "Rien que pour vous", quelque chose qui vous appartient ou quelque chose qui vous intéresse, dites-le moi, ici ou là-bas !
Voilà, nous sommes désormais entre nous ! Enfin, je peux divaguer en paix !
Post-scriptum : bientôt, je ferai le ménage ici.

lundi 18 février 2008

Mort d'Alain Robbe-Grillet



"On ne comprendra pas vraiment l'œuvre d'Alain Robbe-Grillet si on ne veut pas considérer qu'elle est traversée, comme l'était le bonhomme lui-même, par un immense éclat de rire. Celui-ci n'est pas incompatible avec le sérieux, au contraire. Combinés comme des explosifs, le rire et le sérieux peuvent créer le mélange d'une franche liberté, qui fut celle de Robbe-Grillet, dans sa vie et son œuvre. Qu'aura-t-il fait, au fond?"...

http://bibliobs.nouvelobs.com/2008/02/19/un-pape-appele-araignee

Et voir aussi le dossier agoravox ici :
http://www.agoravox.tv/article.php3?id_article=19761

«L'écrivain doit accepter avec orgueil de porter sa propre date, sachant qu'il n'y a pas de chef-d'œuvre dans l'éternité, mais seulement des œuvres dans l'histoire», écrivait-il en 1963 in Pour un nouveau roman...

dimanche 17 février 2008

Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent

Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime.
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C'est le prophète saint prosterné devant l'arche,
C'est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.
Ceux dont le cœur est bon, ceux dont les jours sont pleins.
Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Inutiles, épars, ils traînent ici-bas
Le sombre accablement d'être en ne pensant pas.
Ils s'appellent vulgus, plebs, la tourbe, la foule.
Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule,
Bat des mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non,
N'a jamais de figure et n'a jamais de nom ;
Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,
Détruit, prêt à Marat comme prêt à Tibère,
Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus,
Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus.
Ils sont les passants froids sans but, sans nœud, sans âge ;
Le bas du genre humain qui s'écroule en nuage ;
Ceux qu'on ne connaît pas, ceux qu'on ne compte pas,
Ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas.
L'ombre obscure autour d'eux se prolonge et recule ;
Ils n'ont du plein midi qu'un lointain crépuscule,
Car, jetant au hasard les cris, les voix, le bruit,
Ils errent près du bord sinistre de la nuit.

Quoi ! ne point aimer ! suivre une morne carrière
Sans un songe en avant, sans un deuil en arrière,
Quoi ! marcher devant soi sans savoir où l'on va,
Rire de Jupiter sans croire à Jéhovah,
Regarder sans respect l'astre, la fleur, la femme,
Toujours vouloir le corps, ne jamais chercher l'âme,
Pour de vains résultats faire de vains efforts,
N'attendre rien d'en haut ! ciel ! oublier les morts !
Oh non, je ne suis point de ceux-là ! grands, prospères,
Fiers, puissants, ou cachés dans d'immondes repaires,
Je les fuis, et je crains leurs sentiers détestés ;
Et j'aimerais mieux être, ô fourmis des cités,
Tourbe, foule, hommes faux, cœurs morts, races déchues,
Un arbre dans les bois qu'une âme en vos cohues !

Victor Hugo, Les Châtiments

Edifiant, non ?">

samedi 16 février 2008

"Quand les hommes ne peuvent changer les choses,

ils changent les mots", dixit J Jaurès.

Et Vian d'écrire : "Il y avait douze canons bleus et froids, et, au bout de chacun, une jolie rose blanche s’épanouissait, fraiche et ombrée de beige au creux des pétales veloutés.
-Oh ! … murmura Colin. Qu’elles sont belles !... »

et encore tant d'autres belles inventions dans L'Ecume des Jours
NB : Que Jaurès me pardonne ce détournement fantaisiste de son propos.

mercredi 13 février 2008

Welcome to radio Proust !


Oyez, oyez ! une radio consacrée à Marcel Proust a été créée à ... San Francisco ! C'est ici : http://www.radioproust.org et ça vaut bien plus que le détour !
Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulées dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. Il l’y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins en moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter et que je veux au moins pouvoir lui redemander et retrouver intact, à ma disposition, tout à l’heure, pour un éclaircissement décisif. Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité. Mais comment ? [...]"
Proust - Du coté de chez Swann - A la recherche du temps perdu

mardi 12 février 2008

Don Quichotte dans la tour de Babel


Publié en 1605, le Don Quichotte de Cervantès est considéré comme l'un des premiers romans modernes, après ceux de Rabelais.
Don Quichotte a été traduit dans presque toutes les langues du monde. Amusant d'écouter les deux premières phrases du récit en espagnol original, français, italien, arabe, russe, latin, yiddish et espéranto !


Une création de l'OuRaPo. tableau de H Daumier

L’ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche

Début du prologue
Lecteur inoccupé, tu me croiras bien, sans exiger de serment, si je te dis que je voudrais que ce livre, comme enfant de mon intelligence, fût le plus beau, le plus élégant et le plus spirituel qui se pût imaginer ; mais, hélas ! je n’ai pu contrevenir aux lois de la nature, qui veut que chaque être engendre son semblable. Ainsi, que pouvait engendrer un esprit stérile et mal cultivé comme le mien, sinon l’histoire d’un fils sec, maigre, rabougri, fantasque, plein de pensées étranges et que nul autre n’avait conçues, tel enfin qu’il pouvait s’engendrer dans une prison, où toute incommodité a son siège, où tout bruit sinistre fait sa demeure ?

lundi 11 février 2008

11 février 1958

Dali, Athlète Cosmique.
Approuvé le 11 février 1958 pendant la cinquième session plénière de l'Assemblée populaire nationale de la République populaire de Chine, ce document établit les règles officielles concernant l'utilisation du pinyin en tant que transcription de la langue chinoise.
11 février 1958 Une entrevue avec M. Paul-Henri Spaak au sénat de la Belgique.
11 février 1958 MERICOURT-SOUS-LENS la mine a encore tué.
11 février 1958 Ratification d'un accord commercial bilatéral avec la Tunisie : Loi n° 58-17 du 6 février 1958 (JORT. n° 12 du 11 février 1958).
11 février 1958 Arrêté royal néerlandais n°32 du 11 février 1958 relatif à la fixation, en matière de dommages de guerre aux bateaux, du coefficient d'indemnisation intégrale applicable à tout le Royaume pour la période du 1er janvier 1958 au 31 mars 1958
le 11 février 1958, Ottawa, Extrait des conclusions du Cabinet SECRET à propos de provision de blé aux pays membres du plan de Colombo.

Hum, hum ... et quoi d'autre ?

Le 11 février 2008

dimanche 10 février 2008

On vit dans une drôle d’époque



Revoilà, les dénonciations anonymes et le lynchage public ! Les profs d'abord et après ? Les parents ? Les policiers ? Les gardiens de prison ? Les médecins ? Les voisins ? Sentez-vous l'étrange relent ?

Pour combattre à visage découvert, un site :

http://contrenote2be.unblog.fr/
une pétition:
http://www.mesopinions.com/Pour-le-respect-de-la-loi-informatique-et-libertes---signez-contre-Note2be-petition-petitions-f1ec7dfbea8dee742eb50bb12d686800.html">http://www.mesopinions.com/Pour-le-respect-de-la-loi-informatique-et-libertes---signez-contre-Note2be-petition-petitions-f1ec7dfbea8dee742eb50bb12d686800.html">http://www.mesopinions.com/Pour-le-respect-de-la-loi-informatique-et-libertes---signez-contre-Note2be-petition-petitions-f1ec7dfbea8dee742eb50bb12d686800.html">http://www.mesopinions.com/Pour-le-respect-de-la-loi-informatique-et-libertes---signez-contre-Note2be-petition-petitions-f1ec7dfbea8dee742eb50bb12d686800.html
un autre site et une autre pétition :
http://motstocsin.autonomie.org/html/actions/notetesprofs_fevr2008.htm">http://motstocsin.autonomie.org/html/actions/notetesprofs_fevr2008.htm">http://motstocsin.autonomie.org/html/actions/notetesprofs_fevr2008.htm
Et bien sûr, la loi Informatique et liberté loi n° 2004-801 du 6 août 2004 et loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée ), la CNIL
http://www.cnil.fr/
Le recteur :" Les fonctionnaires bénéficient, à l'occasion de leurs fonctions, d'une protection organisée par la collectivité publique dont ils dépendent, conformément aux règles fixées par le code pénal et les lois spéciales... " (article 11 du titre I de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant sur les droits et obligations des fonctionnaires ) - Un certain nombre de notes de service précisent les modalités d'application (se reporter au R.l.r. 610-0).
Le code pénal : "Le fait, par toute personne qui a recueilli, à l'occasion de leur enregistrement, de leur classement, de leur transmission ou d'une autre forme de traitement, des données à caractère personnel dont la divulgation aurait pour effet de porter atteinte à la considération de l'intéressé ou à l'intimité de sa vie privée, de porter, sans autorisation de l'intéressé, ces données à la connaissance d'un tiers qui n'a pas qualité pour les recevoir est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 300 000 Euros d'amende." Article 226-22 du code pénal.

Et puis ce beau texte que j'ose à peine évoquer mais toute proportion gardée...


Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait personne pour protester.

vendredi 8 février 2008

faire du chiffre !

Cliquez le titre du message pour voir en entier la lettre ouverte d'un proviseur de Mayotte. Voici la fin de cette lettre pour les plus pressés:
"Chacun s’accorde à dire que la solution à l’immigration clandestine est dans l’amélioration des conditions de vie dans le pays d’origine, afin bien entendu que les gens ne soient pas contraints à fuir la misère et à chercher à Mayotte un sort meilleur. Le consensus se fait alors sur la nécessité de développer la « coopération régionale ».
Les actions dans ce domaine sont encore modestes et se heurtent de plus à quelques obstacles. On peut citer évidemment « le mode de gestion » de certains responsables sur place, mais – pour ce qui concerne la formation – quelle efficacité peut-on attendre, par exemple, d’une action de formation pédagogique menée par nos professeurs français en direction d’enseignants anjouanais alors que ces derniers n’ont pas touché leur traitement depuis plusieurs mois ?
En tout cas, les élèves en situation irrégulière accèdent, à Mayotte, à des formations de qualité et à de vrais diplômes. Tout ceci n’a rien à voir avec le délabrement du système éducatif des Comores.
Au-delà de la mission incontournable de l’Ecole qui se doit d’accueillir tous les élèves sans distinction et d’offrir ainsi à tous l’opportunité d’un destin individuel réussi, la formation des élèves « en situation irrégulière » est la meilleure forme de coopération régionale.
Si l’on se place en effet dans l’optique d’un retour ultérieur dans le pays d’origine, on donne ainsi à ce pays la chance de bénéficier de personnes qualifiées, ce
qui est l’un des incontournables du développement économique.
On fournit également des citoyens qui ont pratiqué, à travers l’Ecole de la République, des valeurs de tolérance et de démocratie.
Tout ceci ne peut être que porteur de progrès.

Mais, aujourd’hui, on ne peut tolérer la situation faite, à Mayotte, en France, à des élèves de l’Ecole de la République.
Ce texte est fait pour circuler le plus largement possible et contribuer ainsi à faire cesser ces pratiques indignes de notre pays.
En France métropolitaine, on doit être informé de ces drames humains, de ces atteintes au droit et à la dignité humaine.
Les élèves, ici, doivent pouvoir compter sur les démocrates, les responsables politiques attachés aux valeurs de la République et de l’Ecole, aux leaders syndicaux, aux journalistes dont le métier est au cœur de l’exercice des libertés."


Et puis, sans rapports ou presque, la sentence du jour : « Les sots devraient avoir pour les gens d'esprit une méfiance égale au mépris que ceux-ci ont pour eux. » (dixit Rivarol ipse)
Beurk ! voilà ce que c'est d'écouter les sirènes médiatiques et mercantiles appeler à l'anarchie, suivez mon regard !

jeudi 7 février 2008

Eugène Guillevic, 1961



Photo de St Malo par S Nunes

A Carnac, l’odeur de la terre
A quelque chose de pas reconnaissable.

C’est une odeur de terre
Peut–être, mais passée
A l’échelon de la géométrie

Où le vent, le soleil, le sel,
L’iode, les ossements, l’eau douce des fontaines,
Les coquillages morts, les herbes, le purin,
Le saxifrage, la pierre chauffée, les détritus,
Le linge encore mouillé, le goudron des barques,
Les étables, la chaux des murs, les figuiers,
Les vieux vêtements des gens, leurs paroles,

Et toujours le vent, le soleil, le sel,
L’humus un peu honteux, le goémon séché,

Tous ensemble et séparément luttent
Avec l’époque des menhirs

Pour être dimension.


Eugène Guillevic, Carnac, 1961
Tiens, ça me rappelle une certaine Presqu'île d'un presque voisin... se sont-ils connus Julien Gracq et Eugène Guillevic ?

mercredi 6 février 2008

Ventre bleu ! corbleu ! maugrebleu !


«Palsambleu, morbleu, ventrebleu, jarnibleu ! Dieu aussi a eu son époque bleue.» disait Jacques Prévert dans Fatras , sacrebleu !
Et tubleu ! quand vous venez chercher quelque chose sur ce blog, ou tout simplement vous promener, mettez-y donc un p'tit commentaire pour que 0 ou 1 "commentaires" arrête d'offenser la grammaire !
Ah ! vertubleu ! encore un petit mot bleu : "Yeux bleus, yeux d'amoureux", c'est dit !

mardi 5 février 2008

masques et bergamasques au clair de lune pour ce mardi gras


Clair de lune


Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.

Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.

Paul Verlaine, Fêtes galantes

lundi 4 février 2008

"Nous autres serons en sécurité

tant que les pauvres n'apprendront pas à fabriquer des bombes atomiques dans leur sous-sol"


"Les relations humaines sont bizarres"

Bukowsky, bien sûr, je ressasse, je ressasse.

samedi 2 février 2008

La Sécurité De L'Emploi



Ils sont marrants cette année
C'est difficile de deviner dès la rentrée
Lequel se fera arrêter pour les scoots qu'il aura piqué
Lequel sera incarcéré pour avoir trop dealé

Moi en bon prof, chuis préparé
Un peu de maths et de français, du Kick-boxing du Karaté
Tant pis pour la géographie ce qu'ils connaissent de l'Italie
C'est juste vaguement les spaghetti et Rocco Sifredi

Le programme de cette année
En français faudrait arriver à lire tout un livre en entier
Mais même Dan Brown et Marc Lévy y a plus d'cent mots d'vocabulaire
On sera toujours à lire la préface même après l'hiver

Et mon voisin en me voyant me dira
"Bandes de fainéants, alors vous êtes déjà rentré, vous savez pas c'que c'est d'bosser, avec vos semaines de 20h, vous bossez bien moins qu'un facteur, et dire que je paye pour vos congés, et pis vous êtes même pas bronzé !"
Vite les copies à corriger, 2/3 Prozac, 8 cafés,
Mais j'l'entends quand même dire d'en bas
"Et j'compte même pas la sécurité d'l'emploi".

C'lui aux lunettes, c'est mon surdoué
Il sait écrire son nom sans fautes, il sait compter, wow !
Bah, c'est pas mal pour un 3ème, il faut savoir s'en contenter
C'est clair qu'un intello pareil, il va se faire racketter

35 élèves, cette année,
J'leur ai d'mandé c'qu'ils voulaient faire comme métier
J'ai 10 Zidane, 15 Amel Bent et 9 Bouba,
Un original qui veut faire vigile et avocat.
Il a dû voir chez Courbet
Que c'était pas mal d'être avocat si jamais t'allais en prison.
Ils croient tous qu'ils auront leur brevet en regardant l'Île de la Tentation
Merci pour tout ce que fait pour eux la télévision.

Et mon voisin, le même qu'hier, me dira :
"Bande de fonctionnaires, alors vous êtes déjà rentré, vous savez pas ce que c'est de bosser, avec vos semaines de 20 heures, vous bossez moins qu'un contrôleur, et dire que je paie pour mon gamin, il a redoublé son CE1"
Vite les bulletins à remplir, 2/3 Prozac, et 8 kirs,
Mais j'l'entends quand même dire d'en bas
"Et j'compte même pas la sécurité d'l'emploi".

Les directives du ministère
Nous imposent d'faire des réunions plus régulières
On en fait même pour planifier les prochaines réunions
Ou pour décider de c'qu'on peut donner sans risques comme sanctions

Car fini les notes, de temps en temps
Faut juste leur envoyer des sms d'encouragement
L'évaluation c'est pas toi qui la fais, eux y't'disent si t'es cool.
J'préfère quand même qu'ils me donnent des notes plutôt que des coups de boule

Impossible de les faire redoubler
Les pauvres chéris faut surtout pas les perturber
Les programmes faut les simplifier y a trop d'leçons ça les assomme
Ils ont même proposé de donner le bac avec la prochaine Playstation

Et mon voisin, vous l'connaissez, me dira
"Bande de surpayés, vous foutez rien de la journée, vous devez pas être fatigué, avec vos s'maines de 20 heures, vous bossez bien moins qu'un chômeur, et pis pas d'chef et pas d'rend'ment, c'est pas pour c'que vous faites vraiment"
Vite les parents à rencontrer, 2/3 Prozac, 8 Grand Marnier

Et vu leur investissement, l'année prochaine ira pas en s'arrangeant
Faudra p't'être songer à les adopter
Venir le matin, le soir les coucher
Et p't'être dormir à leur place pour qu'ils restent éveillés en classe

La prof de gym n'est pas venue, s'est faite agresser dans la rue, mais bon ils l'avaient avertie, ils veulent pas d'sport avant midi, ils peuvent d'jà pas fumer en classe, et ça déjà c'est dégueulasse,
Entre chaque cours une bière et un joint, c'est quand même pas de gros besoins...

Cette fois-ci c'est décidé, mes gosses iront dans le privé, j'ai beau r'garder à deux fois, j'la vois pas tant qu'ça, la sécurité d'l'emploi.

vendredi 1 février 2008

égalité audiovisuelle

Texte de la pétition { 14 janvier 2008 }
Les médias audiovisuels ont pris une place décisive dans l’équilibre de notre démocratie.

Actuellement, cet équilibre est bafoué puisque le temps de parole considérable du Président de la République et de ses conseillers dans les médias n’est pas comptabilisé. Il n’est légalement pas prévu pour les forces démocratiques de lui répondre d’une façon égale. C’est d’autant plus inquiétant qu’une partie des médias audiovisuels et de presse écrite est la propriété de groupes industriels et financiers proches du pouvoir.

C’est pourquoi nous exigeons qu’une disposition constitutionnelle soit adoptée, qui impose désormais le respect d’une vraie règle des trois tiers pour les temps de parole audiovisuel : un tiers pour le Président de la République, ses collaborateurs et le gouvernement, un tiers pour la majorité, un tiers pour les forces d’opposition.

Seule cette règle sera de nature à freiner la saturation et la propagande actuelles, et à amener un meilleur équilibre indispensable à notre démocratie.

Tel est le but de cette pétition populaire pour l’égalité audiovisuelle, dont nous sommes signataires.