Roman Calendar

mercredi 30 avril 2008

Pour Elisabeth


Arc-en-ciel depuis ma fenêtre le 30 avril 2008 !

Jour mémorable d'ailleurs que ce 30 avril puisque c'est ce jour-là que s'est éteint, en 1524, Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche, qu'a été exécuté, en 1574, l'amant de la reine Margot, Boniface de la Mole, qu'a trépassé, en 1792, John Montagu, l'inventeur du célèbre sandwich, qu'a été vendue aux Etats-Unis d'Amérique, en 1803, la Louisiane, qu'a gagné un an de sagesse, entre Marseille et Paris, en 2008,... qui donc ?

Pauvre petit garçon !

Je connaissais la nouvelle de Dino Buzatti, pas encore cette video :


Intéressant, non ?

mardi 29 avril 2008

29 Avril 1945 : les Françaises votent aussi !

Et dire qu'il a fallu attendre jusque là pour que les femmes puissent voter en France ! Depuis l'ordonnance du 21 avril 1944, elles étaient "électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes" mais c'est plus d'un an après (il faut bien laisser du temps au temps) que les femmes ont réellement pu voter, lors d'élections municipales.
Les femmes avaient le droit de vote depuis 1895 en Australie, 1918 en Allemagne, Pologne et Autriche, 1924 en Mongolie, 1931 en Espagne, 1934 en Turquie et à Cuba...

lundi 28 avril 2008

Ballade des menus propos

Je connois bien mouches en lait,
Je connois à la robe l'homme,
Je connois le beau temps du laid,
Je connois au pommier la pomme,
Je connois l'arbre à voir la gomme,
Je connois quand tout est de mêmes,
Je connois qui besogne ou chomme,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.

Je connois pourpoint au collet,
Je connois le moine à la gonne,
Je connois le maître au valet,
Je connois au voile la nonne,
Je connois quand pipeur jargonne,
Je connois fous nourris de crèmes,
Je connois le vin à la tonne,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.

Je connois cheval et mulet,
Je connois leur charge et leur somme,
Je connois Biatris et Belet,
Je connois jet qui nombre et somme,
Je connois vision et somme,
Je connois la faute des Boemes,
Je connois le pouvoir de Rome,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.

Prince, je connois tout en somme,
Je connois coulourés et blêmes,
Je connois mort qui tout consomme,
Je connois tout, fors que moi-mêmes

François Villon, Poésies diverses
et une mazurka de Chopin à écouter en lisant

samedi 26 avril 2008

mercredi 23 avril 2008

mardi 22 avril 2008

Comercio (une encore, après j'arrête :-)

Les Fameux avaient monté une fabrique de tuyau d'arrosage et ils y employèrent de nombreux Cronopes à l'enroulage et au dépôt. A peine les Cronopes furent-ils sur les lieux que les voilà saisis d'une allégresse extrême. Il y avait des tuyaux verts, rouges, bleus, jaunes et violets. Ils étaient transparents et, en les essayant, on y voyait courir l'eau avec toutes ses bulles et, parfois, un insecte étonné.
Les Cronopes commencèrent à pousser de grands cris. Ils voulaient danser trêve et danser catale au lieu de travailler. Les Fameux se mirent en colère et appliquèrent immédiatement les articles 21, 22 et 23 du règlement intérieur. Afin d'éviter la répétition de pareils faits.

Comme les Fameux sont très négligents, les Cronopes attendirent des circonstances favorables et chargèrent quantité de tuyaux sur un camion. Lorsqu'ils rencontraient une petite fille dans la rue, ils coupaient un morceau de tuyau bleu et le lui offraient pour qu'elle pût sauter au tuyau. Et c'est ainsi qu'à tous les coins de rue on vit naître de très belles bulles bleues transparentes, avec une petite fille dedans qui avait l'air d'un écureuil en cage. Les parents de la petite fille auraient bien voulu prendre le tuyau pour arroser le jardin mais les Cronopes, toujours malins, les avaient percés de tous côtés, de sorte que l'eau s'y brisait en mille morceaux et n'était plus bonne à rien. A la fin, les parents se lassaient et les petites filles revenaient vite sur le trottoir pour sauter tant qu'elles pouvaient.

Avec les tuyaux jaunes, les Cronopes décorèrent divers monuments et avec les tuyaux verts ils tendirent des pièges à la mode africaine en pleine roseraie pour voir les Espérances y tomber une à une. Autour des Espérances tombées, les Cronopes dansaient trêve et dansaient catale, et les espérances leur reprochaient leur forfait en criant:
- Cruels Cronopes! Cronopes cruels!
Les Cronopes, qui ne voulaient aucun mal aux Espérances, les aidaient à se relever et leur offraient des morceaux de tuyaux rouges. Ainsi, les Espérances purent-elles rentrer chez elles et réaliser leur souhait le plus cher: arroser leur jardin vert avec des tuyaux rouges.

Les Fameux fermèrent la fabrique et donnèrent un banquet plein de discours funèbres et de maîtres d'hôtel servant le poisson au milieu des soupirs. Ils n'invitèrent aucun Cronope et seulement les Espérances qui n'étaient pas tombées dans les pièges de la roseraie car les autres avaient gardé des morceaux de tuyaux rouges et les fameux s'étaient fâchés avec ces Espérances-là.
Julio Cortazar, Histoires de Cronopes et de Fameux in Nouvelles, histoires at autres contes, p 420/421

lundi 21 avril 2008

Au hasard Cortazar

J'ai acheté la semaine dernière l'anthologie de textes courts de l’auteur argentin, "à lire sens dessus dessous." comme l'écrit Philippe Lançon dans Libé, ici :
http://www.liberation.fr/culture/livre/317795.FR.php
On y retrouve des Jeux dont la célèbre Continuité des Parcs mais aussi les Cronopes et Fameux dont j'ai déjà donné un aperçu mais comme je ne m'en lasse pas, en voici un autre :

Le chant des Cronopes

Lorsque les Cronopes chantent leurs chansons préférées, ils le font avec tant d'enthousiasme, qu'ils se laissent fréquemment renverser par des camions et cyclistes, tombent par la fenêtre, perdent ce qu'ils ont en poche et jusqu'au compte des jours.
Lorsqu'un Cronope chante, les Espérances et les Fameux accourent l'écouter, bien qu'ils ne comprennent guère une joie aussi extrême et sont en général un peu scandalisés. Au milieu du choeur, le Cronope lève ses petits bras comme si il soutenait le soleil, comme si le ciel était un plateau et le soleil la tête de saint Jean-Baptiste, de sorte que la chanson du Cronope c'est Salomé nue dansant pour les Fameux et pour les Espérances qui restent là bouche bée à se demander si M.le curé et si les convenances. Mais comme au fond ils sont bons (les Fameux vraiment bons et les Espérances bêtes), ils finissent par applaudir très fort le Cronope qui s'éveille en sursaut, regarde autour de lui et se met à applaudir lui aussi, le pauvre."

Et puis aussi des Chroniques dont L'Ecrasement des gouttes, déjà célébré sur ce blog mais dans cette video, c'est la voix de Cortazar ipse qui raconte, alors....

samedi 19 avril 2008

Et il conclait...

"Ce qui, en net, veut dire que le salut de l'Europe n'est pas l'affaire d'une révolution dans les méthodes ; que c'est l'affaire de la Révolution ; celle qui, à l'étroite tyrannie d'une bourgeoisie déshumanisée, substituera, en attendant la société sans classes, la prépondérance de la seule classe qui ait encore mission universelle, car dans sa chair elle souffre de tous les mots de l'histoire, de tous les mots universels : le prolétariat."

Ne l'oublions pas, Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, Editions Présence Africaine, p 59

jeudi 17 avril 2008

dix-sept avril

17 avril 2008 : Aymé Césaire est parti
Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne

un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?

Cahier du retour au pays natal, Aymé Césaire

17 avril 1696 : disparition de Mme de Sévigné
17 avril 1894 : naissance de Kroutchev
17 avril 1911 : naissance d'Hervé Bazin
17 avril 1989 : naissance d'Anne-Laure
17 avril 1989 : En Pologne, le syndicat Solidarnosc retrouve une existence légale.
17 avril 1999 : Une tarte au fraise, la plus grande au monde est servie au public à Espoo, près d'Helsinki, Finlande. Elle est composée de 960 Kg de fraise, 190 kg de confiture de pomme, 169 kg de sucre, 360kg de crème à la fraise et 380 kg de gelée.
17 avril 2008 ! joyeux anniversaire Anne-Laure, plus sage que jamais désormais !

mercredi 16 avril 2008

Au vieux Roscoff, Berceuse en Nord-Ouest mineur



Trou de flibustiers, vieux nid
À corsaire! - dans la tourmente,
Dors ton bon somme de granit
Sur tes caves que le flot hante...

Ronfle à la mer, ronfle à la brise;
Ta corne dans la brume grise,
Ton pied marin dans les brisants...
- Dors: tu peux fermer ton oeil borgne
Ouvert sur le large, et qui lorgne
Les Anglais, depuis trois cents ans.

- Dors, vieille coque bien ancrée;
Les margats et les cormorans
Tes grands poètes d'ouragans
Viendront chanter à la marée...

- Dors, vieille fille à matelots;
Plus ne te soûleront ces flots
Qui te faisaient une ceinture
Dorée, aux nuits rouges de vin,
De sang, de feu! - Dors... Sur ton sein
L'or ne fondra plus en friture.

- Où sont les noms de tes amants...
- La mer et la gloire étaient folles !
Noms de lascars ! noms de géants !
Crachés des gueules d'espingoles...

Où battaient-ils, ces pavillons,
Écharpant ton ciel en haillons!...
- Dors au ciel de plomb sur tes dunes.
Dors : plus ne viendront ricocher
Les boulets morts, sur ton clocher
Criblé - comme un prunier - de prunes…

- Dors: sous les noires cheminées.
Écoute rêver tes enfants,
Mousses de quatre-vingt-dix ans,
Épaves des belles années...

Il dort ton bon canon de fer,
A plat-ventre aussi dans sa souille,
Grêlé par les lunes d'hyver...
Il dort son lourd sommeil de rouille.

- Va: ronfle au vent, vieux ronfleur,
Tiens toujours ta gueule enragée
Braquée à l'Anglais !.. - et chargée
De maigre jonc-marin en fleur.


Tristan Corbière, Les Amours jaunes

mardi 15 avril 2008

Chuuut !

Il me semble parfois que mon sang coule à flots,
Ainsi qu’une fontaine aux rythmiques sanglots.
Je l’entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.

Baudelaire

vendredi 11 avril 2008

Vous reprendrez bien un soupçon de Cortazar et de petit Cronope.


Un tout petit Cronope cherchait la clé de la porte d'entrée sur la table de nuit, la table de nuit dans la chambre à coucher, la chambre à coucher dans la maison, la maison dans la rue. Là, le Cronope s'arrêta car, pour sortir, il lui fallait la clé de la porte.

jeudi 10 avril 2008

à propos des gouttes d'eau de Julio Cortázar


"Je ne sais pas, regarde, c'est terrible comme il pleut. Il pleut tout le temps, dehors épais et gris, ici contre le balcon avec de grosses gouttes dures et figées qui s'écrasent comme des gifles l'une après l'autre, quel ennui. Voici une petite goutte qui naît en haut du cadre de la fenêtre, elle tremble contre le ciel qui la brise en mille reflets assourdis, elle gonfle et vacille, elle va tomber, elle ne tombe pas, pas encore. Elle s'accroche de toutes ses griffes, elle ne veut pas tomber et on la voit qui s'agrippe avec ses dents tandis que son ventre enfle, c'est à présent une énorme goutte qui pend majestueuse et soudain youp! la voilà partie plaf! plus rien, écrasée, une tache humide sur le marbre.
Mais il y en a qui se suicident et qui se rendent tout de suite, elles naissent du cadre et se jettent aussitôt dans le vide, il me semble voir la vibration du saut, leurs petits pieds qui se décollent et le cri qui les grise dans ce néant de la chute et de l'écrasement. Tristes gouttes, rondes gouttes innocentes. Adieu, gouttes. Adieu
»

Julio Cortázar, Cronopes et Fameux, Éd Gallimard, Collection "Du monde entier", p.109

Et la bande son à gauche sur ce blog :
Enregistrement: mars 06
Interprète : Patrice Valota
Mix : Christophe Rault
Réalisation : Maylis Collet

mercredi 9 avril 2008

Elévation

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal

lundi 7 avril 2008

Avril selon Jean Richepin ... et Tchaïkowsky aussi !

L'hiver vient de tousser son dernier coup de rhume
Et fuit, emmitouflé dans sa ouate de brume.
On ne reverra plus, avant qu'il soit longtemps,
Sur la vitre, allumée en prismes éclatants,
Fleurir la fleur du givre aux étoiles d'aiguilles.
Voici qu'un frisson monte à la gorge des filles !
C'est le printemps. Salut, bois verts, oiseaux chanteurs,
Ciel délicat ! La brise, où flottent des senteurs,
Apports on ne sait d'où les amoureuses fièvres ;
Et des baisers, errants dans l'air, cherchent des lèvres.

Mais le dur paysan retourne à ses travaux.
Pour lui, qu'importe avril et ses désirs nouveaux ?
Ce qu'il sait seulement, c'est qu'il faut quitter l'âtre,
Qu'il faut recommencer la lutte opiniâtre
Contre la terre en rut, buveuse de sueurs.
Et le chant des oiseaux, l'aube aux fraîches lueurs,
Les papillons, l'azur, lui disent : - Prends ta blouse
Et travaille. La terre est ta femme jalouse
Et veut que tu sois tout à elle, et tout le jour.
Féconde-la, vilain, sans penser à l'amour. -
Et le dur paysan baise la terre grise
Sans humer les senteurs qui flottent dans la brise,
Sans ouvrir sa poitrine aux souffles embrasés.
http://poesie.webnet.fr/poemes/France/RI/18.html

dimanche 6 avril 2008

Fabre d'Eglantine

Joli nom n'est-ce pas pour ce poète dont l'opéra Laure et Pétrarque représenté à Maastricht en 1780 nous a laissé cette chanson au charme désuet que ma fille chantait avec sa grand-mère !



Il pleut, il pleut, bergère,
Presse tes blancs moutons,
Allons sous ma chaumière,
Bergère, vite, allons.
J'entends sur le feuillage
L'eau qui tombe à grand bruit ;
Voici, voici l'orage,
Voici l'éclair qui luit.

Bonsoir, bonsoir, ma mère,
Ma sœur Anne, bonsoir !
J'amène ma bergère
Près de nous pour ce soir.
Va te sécher, ma mie,
Auprès de nos tisons.
Sœur, fais-lui compagnie ;
Entrez, petits moutons.

Soupons: prends cette chaise,
Tu seras près de moi ;
Ce flambeau de mélèze
Brûlera devant toi :
Goûte de ce laitage ;
Mais tu ne manges pas ?
Tu te sens de l'orage ;
Il a lassé tes pas.

Eh bien, voici ta couche ;
Dors-y jusques au jour ;
Laisse-moi sur ta bouche
Prendre un baiser d'amour.
Ne rougis pas, bergère :
Ma mère et moi, demain,
Nous irons chez ton père
Lui demander ta main.

Et le 17 Germinal de l'an II, il en a perdu la tête !

vendredi 4 avril 2008

I have a dream

Début 1968, Martin Luther King prépare une « marche des pauvres » sur Washington. Le 4 avril à Memphis il est assassiné par un tueur blanc. L'Amérique blanche commence à comprendre la portée du slogan de Malcolm X : The ballot or the bullet (« Le vote ou la balle »), elle célèbre fiévreusement les vertus de Luther King. Des incidents violents éclatent dans plus d’une centaine de villes. L’Amérique noire bouleversée sait désormais que c’était bien un rêve que King scandait avec tant d’éloquence en 1963.

mardi 1 avril 2008

Alors aujourd'hui...

le temps de rien
toujours courir
toujours pressée
et ma Pomponnette, pff, voyez-la métamorphosée en fleur,
effet de Tchaïkovsky et de sa valse des fleurs
peut-être, d'ailleurs il a bien fait venir le soleil ici !



et maintenant, copies encore ou... l'Etranger suite ?