Roman Calendar

jeudi 29 mai 2008

mardi 27 mai 2008

Ne pas oublier d'écouter l'écho

Rôdant, triste et solitaire
Dans la forêt du mystère,
J’ai crié le coeur très las :
- « La vie est triste ici-bas ! »
L’Écho m’a répondu : « Bah ! »
– « Écho, la vie est méchante ! »
Et, d’une voix bien touchante,
L’Écho m’a répondu : « Chante ! »
– « Écho, Écho des grands bois,
Lourde, trop lourde est ma croix ! »
L’Écho m’a répondu : « Crois ! »
– « La haine en moi va germer,
Dois-je rire ou blasphémer ? »
Et l’Écho m’a dit : « Aimer ! »
Comme l’Écho des grands bois
M’a conseillé de le faire :
J’aime, je chante et je crois !
Et je suis heureux sur terre !

Théodore Botrel (1868-1925)

lundi 26 mai 2008

Des ponts


Des ciels gris de cristal. Un bizarre dessin de ponts, ceux-ci droits,ceux-là bombés, d'autres descendant ou obliquant en angles sur les premiers, et ces figures se renouvelant dans les autres circuits éclairés du canal, mais tous tellement longs et légers que les rives, chargées de dômes s'abaissent et s'amoindrissent. Quelques uns de ces ponts sont encore chargés de masures. D'autres soutiennent des mâts, des signaux, de frêles parapets. Des accords mineurs se croisent, et filent, des cordes montent des berges. On distingue une veste rouge, peut-être d'autres costumes et des instruments de musique. Sont-ce des airs populaires, des bouts de concerts seigneuriaux, des restants d'hymnes publics ? L'eau est grise et bleue, large comme un bras de mer. - Un rayon blanc, tombant du haut du ciel, anéantit cette comédie.
Rimbaud, Illuminations

jeudi 22 mai 2008

La princesse de Clèves

Incipit
et même plus ...
à écouter en ouvrant dans un nouvel onglet. Certes, ce n'est pas la voix de Mme de La Fayette mais tout de même, bien agréable à entendre.
La suite en MP3 est ici

mercredi 21 mai 2008

mettre de l'ordre à la manière du Voyage au bout de la nuit

"Je vais me tuer!" qu'il me prévenait quand sa peine lui semblait trop grande. Et puis il parvenait tout de même à la porter sa peine un peu plus loin comme un poids bien trop lourd pour lui, infiniment inutile, peine sur une route où il ne trouvait personne à qui en parler, tellement qu'elle était énorme et multiple. Il n'aurait pas su l'expliquer, c'était une peine qui dépassait son instruction. Lâche qu'il était, je le savais, et lui aussi, de nature espérant toujours qu'on allait le sauver de la vérité, mais je commençais cependant, d'autre part, à me demander s'il existait quelque part, des gens vraiment lâches... On dirait qu'on peut toujours trouver pour n'importe quel homme une sorte de chose pour laquelle il est prêt à mourir tout de suite et bien content encore. Seulement son occasion ne se présente pas toujours de mourir joliment, l'occasion qui lui plairait. Alors il s'en va mourir comme il peut, quelque part... Il reste là l'homme sur la terre avec l'air d'un couillon en plus et d'un lâche pour tout le monde, pas convaincu seulement, voilà tout. C'est seulement en apparence la lâcheté. Robinson n'était pas prêt à mourir dans l'occasion qu'on lui présentait. Peut-être que présenté autrement, ça lui aurait beaucoup plu. En somme, la mort c'est un peu comme un mariage. Cette mort-là elle ne lui plaisait pas du tout et puis voilà. Rien a dire. Il faudrait qu'il se résigne à accepter son croupissement et sa détresse. Mais pour le moment il était encore tout occupé, tout passionné à s'en barbouiller l'âme d'une façon dégoûtante de son malheur et de sa détresse. Plus tard, il mettrait de l'ordre dans son malheur et alors une vraie vie nouvelle recommencerait. Faudrait bien.

Il n'y a de terrible en nous et sur la terre et dans le ciel peut-être que ce qui n'a pas encore été dit. On ne sera tranquille que lorsque tout aura été dit, une bonne fois pour toutes, alors enfin on fera silence et on aura plus peur de se taire. Ça y sera.
Céline, Voyage au bout de la nuit
C'est fort, n'est ce pas ?

jeudi 15 mai 2008

Henrik Ibsen, Edvard Grieg, on finit par ne plus savoir ...

Peer Gynt par Ibsen, scène 1, acte I

ASE : Peer, tu mens.
PEER GYNT (sans s'arrêter) : Non, je ne mens pas !
ASE : Alors, jure que c'est vrai !
PEER GYNT : Pourquoi jurer ?
ASE : Tu vois, tu n'oses pas ! Tout est faux, tout est fou !
PEER GYNT (il s'arrête) : Non, c'est vrai - Tout est vrai !
ASE : Tu n'as pas honte devant ta mère ? D'abord tu cours dans les rochers des mois entiers, au plus fort des travaux, chassant le renne dans les neiges, tu rentres à la maison la fourrure en lambeaux, sans fusil, sans gibier - et à la fin, les yeux grands ouverts, tu voudrais que je croie tes mauvais rêves de chasseur ? Alors, où l’as-tu rencontré, ce bouc ?
PEER GYNT : A l’ouest de Gendin.
ASE (elle se moque) : oui, vraiment ! (...) Elle s’arrête tout à coup, le regarde la bouche ouverte avec de grands yeux, ne peut plus trouver ses mots, et pour finir s’écrie: Oh ! le démon, oh ! l’effronté. Dieu de Dieu, comme tu sais mentir ! Ce morceau que tu me refiles, ça y est, je me souviens l'avoir appris jeune fille, quand j'avais vingt ans. C'est à Gudbrand Glesne que c'est arrivé, tiens, pas à toi!
PEER GYNT : A moi comme à lui. Ça peut bien arriver deux fois.
ASE (en colère) : Oui, ça peut se retourner la tête en bas, un mensonge, puis se remettre sur son trente-et-un et se vêtir de peau neuve, si bien qu'on ne voit plus sa carcasse. Tu as menti à tour de bras et tant forgé de frayeurs muettes qu'on finit par ne plus savoir ce qu'on savait depuis toujours.

Et puis, l'émouvante mort d'Ase, de Grieg, à écouter en ouvrant un nouvel onglet, c'est mieux.

lundi 12 mai 2008

le souffle obscur


"Du fond de mon avenir, pendant toute cette vie absurde que j'avais menée, un souffle obscur remontait vers moi à travers des années qui n'étaient pas encore venues et ce souffle égalisait sur son passage tout ce qu'on me proposait alors dans les années pas plus réelles que je vivais."
L'Etranger, Camus

mardi 6 mai 2008

trop tard !

Je me sens comme une pauvre Cronope, victime des trop grandes exigences des Fâmeux et de la légèreté des Espérances ! pas de temps, pas de temps, pas de temps...

lundi 5 mai 2008

Etonnants voyageurs, à Saint-Malo bien sûr !

des livres,
des libraires,
des éditeurs,
des auteurs,
du slam,
des lectures publiques par des célébrités,
de nombreux invités,
des expositions, des films, des spectacles, des auteurs "en signature" parmi lesquels Isabelle Autissier, Tahar Ben Jelloun, François Bon, Patrick Poivre d'Arvor, Bruno Ségalotti, Jean-Bernard Pouy et beaucoup d'autres.

Y seras-tu JCJ ? J'espère t'y retrouver ! Lundi ?

dimanche 4 mai 2008

Pour Elisabeth, parce que c'est encore mieux de ...

voir et entendre : Bach Partitas pour clavier n° 6 interprétée par Glen Gould, le monde des géants, tout simplement !

vendredi 2 mai 2008

Virelangue de saison


Que lit Lili sous ce lilas-là ?
Lili lit l'Iliade sous ce lilas-là.

Et plus d'une centaine d'autres "twister tongue" ici.
(mais qui a eu cette curieuse idée de les traduire ?)

jeudi 1 mai 2008

Ce n'est pas un jour ordinaire

le 1er mai ! c'est même tout une histoire et bien plus encore
On en retiendra au moins cette déclaration d'Augustin Spies, exécuté par pendaison en 1886 pour avoir manifesté pour la journée de huit heures : "Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd'hui."
En attendant, je lui dédie ces églantines