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mardi 26 février 2008

Question de niveau de langue...

Comment désormais convaincre qu'on ne peut pas parler comme un charretier quand on est jolie comme une princesse ? Qu'à parler comme un charretier tous les jours, on risque de s'humilier à le faire spontanément le jour où il convenait de se comporter en honnête homme?
Petite mise au point préalable : http://www.etudes-litteraires.com/figures-de-style/niveaux-de-langage.php
Heureusement, Cyrano est là toujours prêt pour damer le pion même au petit Nicolas, voyez plutôt :
"LE VICOMTE
Maraud, faquin, butor de pied plat ridicule!
CYRANO otant son chapeau et saluant comme si le vicomte venait de se presenter): Ah?. . .Et moi, Cyrano-Savinien-Hercule De Bergerac."



25/02/2008 18:53 "http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2330058&rubId=4076">
Des linguistes jugent l'usage de la familiarité par Nicolas Sarkozy

Nous avons interrogé plusieurs linguistes sur l'usage de la familiarité au sommet de l'État. Ils soulignent la nécessité d'adapter son langage à sa fonction

L’altercation entre un badaud (« Touche-moi pas, tu me salis ») et le président («Casse-toi alors, pauvre con, va »), au Salon de l’agriculture, a fait le tour du Net. Cet usage de la familiarité, voire de la vulgarité, au sommet de l’État, est à la fois « inquiétant » et « lourd de conséquence », estiment les linguistes.

Pour Alain Bentolila, le vif échange du Salon de l’agriculture illustre une « incapacité à adapter son registre de langage à sa fonction ». « Il y a deux façons de choisir un registre de langage, analyse le linguiste. S’adapter à une situation donnée et ouvrir la porte à l’émotion, ou avoir conscience de qui l’on est et des obligations liées à son statut. Un chef d’État ne peut pas se contenter du premier registre. »

"La fonction présidentielle déconsidérée"
En outre, tout registre de langue évolue en fonction du degré de connivence entre l’émetteur et le récepteur, poursuit Alain Bentolila. « Quand il y a peu de connivence, on utilise le vouvoiement, des mots plus rares, etc., poursuit le linguiste. Nicolas Sarkozy ne connaissait pas l’homme qui l’interpellait samedi, il aurait dû chercher des mots élaborés pour convaincre, donner une chance au dialogue plutôt que de choisir l’insulte. Le danger, c’est que le président n’accepte le dialogue qu’avec ceux qui sont en accord avec lui ou qui le flattent. »

Auteur d’un ouvrage à paraître en mars (Les Mots de Nicolas Sarkozy, Seuil), le linguiste Louis-Jean Calvet rappelle que Jacques Chirac, qui avait reçu un crachat en banlieue parisienne, avait fait mine de ne rien remarquer. « En choisissant l’insulte, son successeur déconsidère la fonction présidentielle », déplore-t-il.

« Stratégie de la vulgarité »
Le directeur de la revue Mots, les langages du politique, Paul Bacot, va plus loin encore, en estimant que Nicolas Sarkozy a adopté volontairement une « stratégie de la vulgarité ». « La vraie rupture est là, poursuit cet enseignant en sciences politiques. En brouillant les pistes et les repères, le chef de l’État finira par rendre acceptable ce qui ne l’était pas, et ce dans n’importe quel domaine, politique, économique ou social. Il s’agit d’un terrorisme symbolique. »

Le professeur de linguistique, Jean Veronis, ne dit pas autre chose : selon lui, la campagne présidentielle a inauguré « une séquence d’abolition des codes et des repères » fondateurs de la société. « Le policier ne doit pas parler comme le voyou, ni le président comme l’homme de la rue. Ce faisant, il affaiblit la fonction et s’affaiblit lui-même. Nul ne peut dire comment cette séquence va se terminer. »

Quoi qu’il en soit, les spécialistes s’accordent pour dire que l’exemple ainsi donné est « catastrophique ». « Le président met les enseignants et les parents dans l’embarras, affirme Louis-Jean Calvet. Comment ces derniers pourront-ils demander aux jeunes de tenir leur langage si le chef de l’État lui-même ne le peut pas ? »
Solenn de ROYER

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