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jeudi 19 février 2009

Kafka et Michaux : deux fabuleux combats

"Un jour que j'avais fermé la porte parce que j'avais envie de lire, mon voisin l'a fendue à la hache, et comme il abandonne difficilement une décision prise, la hache devenait même un danger pour moi..." (Texte lu par Charles Brincard) [03'53"] sur Bruit Blanc


LE GRAND COMBAT
Il l'emparouille te l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupète jusqu'à son drâle ;
Il le pratèle et le libuque et lui baruffle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l'écorcobalisse.
L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C'en sera bientôt fini de lui ;
Il se reprise et s'emmargine... mais en vain
Le cerceau tombe qui a tant roulé.
Abrah ! Abrah ! Abrah !
Le pied a failli !
Le bras a cassé !
Le sang a coulé !
Fouille, fouille, fouille
Dans la marmite de son ventre est un grand secret
Mégères alentour qui pleurez dans vos mouchoirs ;
On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne
Et vous regarde,
On cherche aussi, nous autres, le Grand Secret.


Henri MICHAUX ; Qui je fus Gallimard, 1927

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Superbe texte de Michaux!

J. B a dit…

Oui, n'est-ce pas ? D'ailleurs, chez Michaux, on déniche des trésors splendides pour peu que l'on s'y attarde. J'en avais déjà publié un en juin ici :
http://entouteslettres-jb.blogspot.com/2008/06/clown.html